Depuis quelques jours, une fresque (pour le moins très réussie) est dessinée sur le mur arrière de la MJC de Cleunay. Réalisée par un artiste talentueux, elle rend hommage au jeune Erwan Montessora tué lors d’un règlement de compte entre trafiquants et dont le corps a été retrouvé dans la Vilaine, il y a maintenant trois ans.
Dimanche dernier, une cérémonie a été organisée devant l’œuvre (voir l’article du journal Ouest-France). « Ce sont ses amis qui ont voulu ce moment de recueillement », explique Annick Rio, sa mère, dans le quotidien. « Leur soutien nous apporte beaucoup. Erwan, c’était leur copain. Ils ne l’oublient pas. Le temps s’est aujourd’hui arrêté pour moi quand il nous a quittés. Chaque jour, je vis avec ce manque. Voir ces jeunes, cela me donne de la force. »
Mais dans le quartier, où à deux pas des coups de feu ont été entendus récemment sous fond d’affaires de stupéfiants, l’œuvre dérange certains. « Nous sommes en train d’angéliser la vie d’un type qui a détruit d’autres vies en vendant de la drogue », explique Alexandre. « On est en train de rendre hommage à la mémoire d’un homme ayant causé 1000 malheurs et exercé une activité illégale dans un système mafieux. Quelle image donne-t-on à la jeunesse du quartier ! Comment une maison de quartiers peut-elle accepter un tel dessin sur ses murs ? «
Un argument battu en brèche par d’autres riverains. « C’est un jeune du quartier qui avant d’être dealer est un homme », commente un proche de la MJC. « Il a été sauvagement assassiné. Ceux qui ont voulu lui rendre hommage ont tenu à saluer un gamin de Cleunay et non un dealer, professionnel de la drogue. Personne ne mérite la mort, même pour un trafic de stupéfiants. Son portrait a au moins le mérite de dénoncer l’enfer de la drogue. » Dans quelques jours, deux jeunes hommes seront jugés par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine pour assassinat. Disparu le 29 décembre 2017, le jeune homme âgé de 18 ans n’avait plus donné de nouvelles à ses proches. Quelques semaines plus tard, il avait été retrouvé mort dans un bidon flottant à Saint-Malo de Phily par un jeune kayakiste le 14 janvier 2017 près d’un barrage.