Ce 30 septembre 2022, place Sainte-Anne, le soleil automnal réchauffe les clients d’un estaminet. En face, le propriétaire du manège jette des « débris » des affrontements de la nuit dernière dans des poubelles. « J’ai été alerté par le gérant d’un café vers 1 heure du matin », explique-t-il. « Il y a une certaine solidarité entre nous. » Non loin, des policiers contrôlent les allées et venues devant le couvent des Jacobins. À l’intérieur du centre des congrès, Isabelle Lonvis-Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, est en conférence devant des Rennaises et le secrétaire général de la préfecture.
À la terrasse, un Rennais lit son journal. « J’ai bien entendu du bruit. Mais je ne savais pas que c’était à ce point-là ». Chez lui, Jérôme se réveille difficilement. « Entre ceux qui font la fête et les casseurs, c’est à peu près le même bruit ! », ironise-t-il. Mais hier soir, on n’est pas loin de l’émeute. Vers 22 h 30, square Ligot, devant le théâtre du Vieux Saint-Étienne, environ 70 à 80 personnes, la plupart grimées et masquées, écoutent de la musique distillée par une enceinte. Elles sont dispersées par les forces de l’ordre (alertées par des riverains en colère), mais elles réussissent visiblement à conserver leur matériel.
Après un appel au rassemblement sur les réseaux sociaux, de nombreux jeunes (150 puis 200) se retrouvent place Sainte-Anne. Abrités derrière des parapluies et des barricades de fortune, ils lancent différents projectiles et tirent à flux tendu des mortiers en direction des policiers. En réponse, les hommes en tenue tentent d’éparpiller les manifestants avec des lacrymogènes. Sur place, c’est un peu le chaos. On entend des incitations à l’émeute. Des manifestants allument un grand feu et des graffs anti-police sont inscrits à la hâte sur les murs de l’église.
Repoussé vers la rue Le Bastard, le cortège poursuit son chemin vers la place de la mairie où un nouveau brasier éclaire la nuit. Il sera dispersé vers 1 heure du matin, à hauteur de la Place de la République. Ce matin, à la suite de cette manifestation non déclarée, les autorités policières et de justice évoquent l’arrestation de quatre individus nés en 2002, 2003, 2004 et 2007. Placés en garde à vue, ceux-ci sont entendus pour violences avec arme sur personnes dépositaires de la force publique et participation à un attroupement armé. Lors de cette nuit particulièrement agitée, trois policiers ont été légèrement blessés. « Une dizaine de fusées de feu d’artifice en tirs tendus de mortiers ont visé les policiers », explique l’AFP, ce matin.
Face à face entre les forces de l'ordre et de jeunes manifestants #Rennes pic.twitter.com/4ounZlnQWL
— Ewen Bazin (@EwenBazin) September 29, 2022