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jeudi 28 mars 2024
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URGENCE , IL Y A BOUCHONS !

La parole se libère. Peu à peu. Il y a encore quelques mois, personne n’osait ainsi évoquer les bouchons rennais. C’était sur le périphérique. C’était anti-moderne. Cela ne se faisait pas bien dans les diners mondains de soutenir les automobilistes, les pollueurs, les travailleurs laborieux. Sauf que voilà…la rocade devient ingérable à certaines heures de la journée et cela finit par inquiéter nos élus, non pas qu’ils s’intéressent soudainement au sort de nos milliers d’automobilistes. Ils ont tout simplement peur de perdre des voix… sur les voies rennaises !

Tous les matins et les soirs, nos concitoyens prennent la voiture pour se rendre à leur travail. Tous les matins et les soirs, ils pestent contre les embouteillages sur la rocade, la route de Lorient, la route de Saint-Jacques de la Lande (https://www.rennes-infos-autrement.fr/rennes-a-gout-de-bouchon/). Jusqu’à présent, on fermait les yeux. Mais les bouchons commencent à créer de la pollution et à…préoccuper nos élus. « Notre idée est de décongestionner le trafic sur les axes les plus chargés et réserver les bandes d’urgences aux bus, cars et covoitureurs», confie Jean-Jacques Bernard, vice-président de Rennes Métropole en charge des transports dans les colonnes de 20 minutes et d’Ouest-France.

                                               Des études à foison

Pour vérifier leur intuition, Rennes Métropole va lancer une expérimentation sur la RN137. A condition bien sûr de recevoir l’aval de l’Etat sur cette opération, d’élargir la route, de réfléchir à l’accès des secours et d’envisager les moyens de contrôler les usagers autorisés à circuler sur la bande d’arrêt d’urgence…Mais à Rennes, l’idée fait déjà sourire. « On met de la rustine, » dit David, un Rennais. « Une voie d’urgence est faite pour les urgences ! A leur place, j’arrêterais de rejeter sur les rocades les automobilistes dont on ne veut plus dans les centres villes.  Un moment donné, cela coince nécessairement !»

Un avis partagé sur un point par les élus du front de gauche. « Ces voies sont réservées aux services d’urgence, pompiers, ambulances, police, notamment lors d’accidents ou de pannes. Permettre leur utilisation contredit le code de la route (1). Les phénomènes de pollutions atmosphériques importants à Rennes et partout en France nécessitent une autre réponse politique et non ce genre de proposition qui s’apparente à une tentative désespérée de colmatage d’un problème de fond. »

Comme les élus du front de gauche, la droite rennaise jure aujourd’hui par le RER contre les bouchons. « Depuis le début du mandat, nous défendons cette hypothèse pour pallier au manque de transport en commun efficace et performant pour les communes plus périphériques. Le président de Rennes Métropole et la Maire de Rennes persistent à vouloir mobiliser les investissements lourds dans une offre de transports performants à l’intérieur de la rocade comme, récemment annoncée, sur l’axe Est-Ouest», explique Bertrand Plouvier, représentant de la droite.

Mais bien plus que cette solution RER, les élus de droite en appellent à un vrai plan routier métropolitain pour tenir compte des 245 000 déplacements automobiles contre les seulement 30 000 déplacements en transports communs. Pour la droite, il devient urgent de réfléchir au réaménagement des infrastructures et à l’augmentation de leurs capacités. «Chaque année au rythme des autorisations de construction, ajoute Bertrand Plouvier, de nouveaux logements sont construits, de nouveaux bureaux également, il y a donc de plus en plus de véhicules sur notre territoire et cela fait plusieurs décennies qu’aucun investissement sérieux n’est fait en terme de voirie.»

                                         Un vrai plan routier ?

En Ile de France, on va déjà plus loin et on voit déjà plus loin. « On ne peut plus opposer la route et les transports en commun, » explique Valérie Pécresse dans le JDD. « Les voitures de demain seront silencieuses et non polluantes. Nous devons anticiper les progrès technologiques, inventer la « route intelligente », développer de nouveaux usages. »

A Paris, l’idée est de faire gagner du temps aux Franciliens, de leur offrir une région où il fait bon vivre, et pas une région qui enregistre entre 250 et 400 km d’embouteillages chaque jour aux heures de pointe, du stress, de la pollution, une perte de temps considérable…Pour cela, la région ne manque pas d’idées : aménagement des bandes d’arrêt d’urgence (comme à Rennes, tiens, tiens), expérimentation de files pour le covoiturage, moindre vitesse autorisée aux heures de pointe pour éviter les accordéons…

Mais encore mieux, elle va mettre de l’argent dans les routes. « D’ici à 2021, la région va investir 200 millions d’euros », déclare la présidente du conseil régional. Valérie Pécresse. Elle va ainsi créer des voies, des ponts ainsi que mettre la main sur des routes et autoroutes ne relevant pas de la région, pour « concentrer ses efforts sur un véritable réseau routier d’intérêt régional (RRIR), comprenant autoroutes, nationales, certaines départementales, ou encore le périphérique ou les voies sur berge à Paris. «  A Rennes, on attend donc un geste de la Région, du département, de Rennes Métropole. Et on n’attend pas seulement des mesures écologiques à l’instant T mais des mesures qui prennent en compte l’équilibre des usages et des progrès de l’automobile de demain.

 POUR ALLER PLUS LOIN 

La polémique du jour : « Cette nouvelle expérimentation est certainement une tentative de votre part et de la Maire de Rennes pour faire oublier votre échec concernant l’expérimentation de la rocade à 70 km/h, » indique Bertrand Plouvier. Un échec que vous avez décidé de classer sans suite puisqu’aucune conclusion n’a réellement été tirée. Après une année d’expérimentation, le bon sens l’a emporté sur l’idéologie : sur la rocade Sud, nous sommes revenus à la situation initiale, 90 km/h. Cette nouvelle expérimentation pour étudier l’usage périodique des BAU renoue avec vos méthodes que nous connaissons maintenant parfaitement. Je m’explique ! Vous décidez, vous choisissez de manière parfaitement arbitraire, de lancer plusieurs études concernant la mobilité et les transports sur le territoire de notre agglomération alors que notre futur plan de déplacement urbain n’en est qu’à sa phase d’écriture et de modélisation. Vous faites vos propres choix alors que notre futur plan de déplacement urbain n’est pas encore arrêté ! »

Pour en savoir plus sur les voitures électriques : https://www.rennes-infos-autrement.fr/apres-retour-90-rocade-place-a-rennes-voiture-ecolo-de-demain/

Pour en savoir plus sur le calvaire des Rennais : https://www.rennes-infos-autrement.fr/trajet-travailmaison-galeres-dune-banlieusarde-rennaise/

 Le covoiturage : une solution économique et non une solution de mobilité : RennesInfosAutrement milite pour le covoiturage. Notre community manager, nos deux journalistes en sont même des parfaits adeptes depuis maintenant plus de dix ans. Mais ils n’ont jamais vu cette pratique comme une solution de mobilité, mais bel et bien comme une solution économique, seulement économique. « Les covoitureurs aujourd’hui utilisent beaucoup le covoiturage pour économiser des frais de transport, » explique une sociologue parisienne. Très peu le font de manière désintéressée. Vous comprenez donc pourquoi il est difficile d’imposer le covoiturage aux autres automobilistes. »

 Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais : Piquée dans Ouest-France de ce jour (édition du 17-18 décembre 2016) : nos élus auraient des chauffeurs. Un pour tous les élus de Rennes Métropole et de la ville de Rennes. Trois pour le département (la région aussi). « Nous effectuons de nombreux déplacements dans la journée», confie un élu. Une justification qui passe mal au moment où de nombreux Rennais ont du mal à circuler pour se rendre à leur travail et sont obligés de payer leur propre voiture à crédit…pour se retrouver dans des bouchons.

La réflexion du jour. Beaucoup de nos élus ont été formés dans nos facultés ou encore à Sciences-Po. On leur apprenait une petite chose : un politique ne doit pas imposer aux gens sa manière de voir les choses, mais juste aider ses concitoyens à vivre mieux. En l’occurrence, à mieux circuler.

 Les autres idées de Rennes Métropole. Les élus de Rennes Métropole ont bien d’autres idées pour lutter contre les embouteillages. Ils veulent lancer des études sur le covoiturage de proximité, les bus électriques, les vélos électriques en longue durée, tarification différenciée dans les parkings en fonction des motorisations…

 

 

  • «(1) Sauf en cas de nécessité absolue, les conducteurs ne doivent pas arrêter ou stationner leur véhicule sur les chaussées et les accotements, y compris sur les bandes d’arrêt d’urgence des autoroutes. Tout conducteur se trouvant dans la nécessité absolue d’immobiliser son véhicule doit le faire en dehors des voies réservées à la circulation et dans tous les cas assurer la présignalisation de ce véhicule. S’il n’est pas en mesure de le remettre en marche par ses propres moyens, il doit faire le nécessaire pour assurer d’urgence le dégagement de l’autoroute. »

 

Jean-Christophe COLLET
Jean-Christophe COLLET
J-C Collet est journaliste et auteur (Lieux romantiques à Paris, Bretagne Chic, On dit qu'en Bretagne, Bretagne pas chère, Livre blanc sur le Nucléaire...).

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