Il y a vingt ans, les manifestants nous souriaient. Ils venaient vers nous pour nous demander de les prendre en photos et de passer dans le journal. C’était bon enfant ! Mais vingt ans plus tard, c’est une toute autre musique. Les manifestants (pas tous !) sont parfois hostiles, très hostiles à l’égard de la presse. Lors de la récente manifestation du mardi 7 mars, ils ont cassé la caméra d’un journaliste de France 3 Bretagne. Ils ont menacé un autre reporter de lui briser son matériel en lui disant : « on t’a repéré ». Ce jeudi 9 mars, ils ont tout bonnement interdit aux héritiers d’Albert Londres d’assister à une assemblée générale à Rennes 2 et viré un collaborateur de Cnews sous les huées.
Régulièrement, des radicaux demandent aux reporters de cesser de photographier dans les cortèges. Encore une fois, ce mardi 7 mars, les intimidations furent répétées à plusieurs reprises (y compris pour nous). Au point que certains journaux refusent désormais d’envoyer leurs plumes sur le terrain, craignant pour leur intégrité physique. Mais malgré ces dérapages, il n’y a pas beaucoup de réactions de la part des politiques ni de la part des gouvernants et des directions de journaux, pourtant bien prompts à défendre la liberté de la presse, lors de pince-fesses, en début d’année. Malgré ces dérapages, personne ne tient à rappeler ô combien la presse est importante pour informer le public. Mais que l’on se rassure ! Tous les échotiers (parfois très précaires) poursuivront leur mission, au-delà des critiques parfois acerbes sur les réseaux sociaux, au-delà des procès en manipulation. Les journalistes informent. À chacun d’entre-nous, de se faire une opinion. C’est tout simplement cela la démocratie.
La démocratie à géométrie variable https://t.co/sbsmgTR596
— Philippe Créhange (@pcrehange) March 9, 2023
Infos + : les journalistes sont accusés de diffuser des images de radicaux en action sur la voie publique. Ces accusations sont souvent infondées dans la mesure où beaucoup de manifestants sont grimés ou masqués… et où beaucoup de reporters font attention à ne pas prendre en photos leur visages. Des précautions qui leur retombent parfois dessus…