Au moment où la ville devient vélo, un promeneur a retrouvé par hasard une signalisation routière anachronique, le long des berges de la Vilaine, sur les murs de la fac Pasteur. Quai Dujardin (naturaliste portant bien son nom !), ce panneau directionnel indiquait aux chauffeurs la route de Ploërmel, de Saint-Brieuc, de Saint-Malo et de Dinard. Il conseillait aux automobilistes des années soixante-dix de passer par le centre-ville au lieu d’emprunter la rocade (qui sans doute n’existait pas encore).
Dans ces temps anciens, les Parisiens et les Angevins s’arrêtaient boire un coup à La Paix et ne se préoccupaient guère de pollution, de limitation de vitesse et de mobilité. Ils ne parlaient pas d’intermodalité, de vélo-cargos, de modes actifs, de déplacements doux, de co-construction… Ils préféraient insulter à qui mieux mieux la grand-mère qui n’appuyait pas assez sur le champignon ou encore le Parisien qui faisait des embardées. On était dans un autre langage qui sentait la vieille France, celle de Gaulle de Mitterrand, de Marchais et de Giscard d’Estaing.
Désormais, les quais sont en partie interdits aux voitures, aux camions et aux bus. Exit les pots d’échappement, les klaxons et le diesel ! Bienvenue aux cyclistes qui, dans les deux sens de circulation, s’en donnent à cœur joie, le long de la Vilaine. Bienvenue à l’éloge de la lenteur…en espérant que cet hymne au déplacement doux le reste encore de nombreuses années. Car les Fangios de la piste avec trottinettes et bicyclettes électriques ont tendance parfois à se comporter aujourd’hui comme leurs glorieux aînés et à se croire les rois du bitume ! Si, si, parfois…
Infos + : Ce panneau Michelin a fait l’objet d’une demande de protection de la part de l’élu de l’opposition, Antoine Cressard.