Georges Guitton est un amoureux de littérature et de Rennes. Entre ces deux « amours », son cœur balance ! Mais il a réussi le pari de concilier ses deux passions dans un même ouvrage. Il vient de sortir aux Presses universitaires de Rennes un livre de près de 200 pages partant sur les traces des écrivains, ayant vécu dans la capitale bretonne. Il y évoque non sans talent la vie rennaise de Chateaubriand, de Paul Féval, de Gérard de Nerval, d’Octave Mirbeau et de bien d’autres encore.
Loin d’être un récit scientifique d’être un pensum, son ouvrage est un condensé d’anecdotes croustillantes et d’érudition ; une sorte d’encyclopédie littéraire où la grande histoire croise la petite. Préfacé par le Rennais Pascal Ory de l’Académie française, il part avec Alexandre Dumas à la rencontre du vice-amiral de Villeneuve (le « perdant » de Trafalgar), mort mystérieusement le 22 avril 1806 dans la capitale bretonne.
Au fil des pages, l’ancien journaliste d’Ouest-France et de Place publique s’en donne à cœur joie. Il caracole sur les chemins avec François-René de Châteaubriant dans une carriole où le romantique du grand Bé reste bouche…bée devant les charmes d’une jeune femme durant trois jours et deux nuits. Comme quoi, le pape du romantisme ne savait pas toujours s’y prendre avec les dames ! « Ce qui est en soi un brin cocasse », convient Georges Guitton.
Ce qui m’intéresse, c’est de creuser dans la vie des écrivains, de voir ce qu’ils racontent de leur existence et de ce qu’elle était réellement. » Georges Guitton.
Sans plus tarder, Georges Guitton file au 2 rue des Carmes où le jeune Leconte de Lisle logeait loin de ses terres natales. « Beaucoup savaient que cet auteur avait été étudiant à Rennes, mais cela s’arrêtait là ! » Sans plus attendre, il accompagne Paul Féval dans le train de Rennes-Paris où le réactionnaire s’enthousiasme pour la modernité ferroviaire. « Je tente de le réhabiliter et de réparer une injustice de la mémoire rennaise. Paul Féval a fini sa vie dans l’eau bénite. Et bien malgré cela, je tenais à lui rendre un vibrant hommage. Il n’est pas seulement l’auteur du Bossu. Il a écrit de nombreux ouvrages avec une vraie ambition littéraire. »
Il y a de la part des Rennais une intériorisation des critiques à l’égard de rennes. Au lieu de se révolter contre le mal qu’on dit de leur ville. Ils ont tendance à en rajouter ! Mon projet est de réenchanter la capitale bretonne. » Georges Guitton
En historien, Georges Guitton déniche l’insondable légèreté des écrivains. Il raconte, comme l’aurait fait Alain Décaux dans des temps plus anciens, les facéties de nos auteurs (Alfred Jarry, Paul Féval et Chateaubriand qui loin d’être un grand « déconneur » savait parfois s’amuser dans son lycée !). Assurément, il s’emploie à rendre humain des hommes de lettres qui bien souvent avaient tendance à enjoliver la vérité… « L’écrivain de René et Atala dispose d’un rapport très approximatif à la réalité », confie Georges Guitton. « Il aime embellir ses histoires, se mettre en scène d’une manière excessive et souvent à tort. Comme lui, beaucoup de ses congénères ont une propension à transformer leur vie en roman ».
Encore une fois, Georges Guitton livre une vraie encyclopédie littéraire. « Depuis l’enfance, je suis un très grand lecteur », s’épanche-til. « Plus tard, j’ai étudié les lettres pour m’approcher de mes auteurs et percer leur mystère. Aujourd’hui, peut-être, je tiens à évoquer leur simple humanité. » Rennes, de Chateaubriand au Père Ubu, Presses universitaires de Rennes, dans toutes les bonnes librairies au prix de 20 euros. Infos + : Georges Guitton remet au goût du jour Raoul de Savery (de son vrai nom Eugénie Saffray). Cette écrivaine rédigea une centaine de romans populaires et catholiques.