Depuis quatre jours, les réactions se multiplient sur les affrontements qui ont eu lieu sur la dalle du Colombier dans la nuit de samedi à dimanche entre l’équipe de la discothèque le 88 et l’Union pirate (voir notre article). Lundi soir, la ville avait renvoyé dos à dos les protagonistes dans un communiqué. Ce matin, Charles Compagnon (centre droit) a tenu à s’exprimer sur les réseaux sociaux.
« Comme tous les Rennais, j’ai été profondément choqué par ces images de violence en plein cœur de notre agglomération », explique-t-il. « Mais j’ai choisi de ne pas réagir à chaud. Je n’étais pas sur place, je ne suis pas juge, et j’ai confiance dans les autorités compétentes pour établir précisément les évènements et sanctionner les comportements délictueux. Il est néanmoins de ma responsabilité, comme élu rennais, de rappeler quelques faits. Samedi soir, des militants ont organisé un rassemblement non déclaré dans un bâtiment désaffecté, sans aucun respect des règles élémentaires de sécurité. Défendre la liberté d’expression et d’engagement est fondamental. Mais mettre en danger des centaines de jeunes dans un lieu inadapté, puis qualifier cela de “soirée militante” ou de “free party”, est gravement imprudent. Que se serait-il passé si un incendie s’était déclaré dans ce bâtiment ? Qui aurait assumé la responsabilité d’un drame évitable ? »
Pourquoi cette indignation est-elle à géométrie variable ? Charles Compagnon.
Et de poursuivre : « les équipes de sécurité d’un établissement voisin ont appelé les forces de l’ordre et sont intervenues après avoir identifié des participants jetant des bouteilles en direction de leurs clients. Protéger leur clientèle est leur mission, et tout doit se faire dans le respect du cadre légal. Des témoignages et vidéos soulignent une confusion autour des faits, et seule l’enquête permettra d’établir les responsabilités de chacun. » Depuis samedi, une partie de la classe politique locale a condamné les violences des vigiles, qualifiés de « milices fascistes ». « Pourtant, ces mêmes élus n’ont pas dit un mot sur l’organisation irresponsable et illégale du rassemblement, poursuit l’élu. Il n’y a pas pas un mot non plus sur l’agression d’étudiants en droit par un groupe d’extrême gauche il y a quelques jours. Pourquoi cette indignation à géométrie variable ? »
Pour lui, la municipalité doit être aussi pointée du doigt. « S’il est regrettable que des acteurs privés soient impliqués dans ce type d’altercations, c’est aussi parce que la majorité ne fait pas son travail en matière de sécurisation des espaces publics. La dalle du Colombier est un point noir depuis des années, et la situation ne fait qu’empirer. Laisser des sites à l’abandon, c’est prendre le risque qu’ils soient le lieu de toutes les dérives. Quelles que soient les conclusions de l’enquête, ce qui s’est passé est inacceptable. Rennes doit rester une ville jeune et festive, où chacun peut s’exprimer et se rassembler librement. Mais cela n’est possible que si nous refusons collectivement que Rennes devienne le théâtre de guérilla urbaine ou la violence se manifeste en toute impunité. Ni naïveté ni complaisance. Juste du bon sens et un esprit de justice impartial. »