Tout bon révolutionnaire vous le dira : maîtriser les moyens d’information est essentiel. A défaut d’avoir pris d’assaut les sièges de France 3 Régionale, les opposants à la loi El Khomri ont investi la salle de la Cité où ils ont lancé une radio (toujours en activité mercredi soir). Ils émettent sur la fréquence 100.3 et sur Internet sous le nom de Radio Croco.
La radio pirate diffuse de l’étage de la salle de la cité de Rennes, aujourd’hui baptisée maison du peuple. Sous l’impulsion d’étudiants, de bricolos et de techniciens, elle a été créée de toutes pièces avec des objets de récupération. «Des personnes assurent à tout de rôles les émissions, mais laissent aux auditeurs et à tous types d’intervenants le soin de s’exprimer», explique un des occupants de la maison du peuple.
Mercredi soir, des animateurs étaient toujours en direct de la salle de la cité. Ils diffusaient Billy the Kick, dédicaçaient aux anarcho-staliniens, vendaient des tee-shirts « la casse », s’attaquaient à « Finkilcrotte » et pendaient les bourgeois avec les tripes du dernier curé. Bref, ils s’en donnaient à cœur joie contre tous les tenants du capitalisme et par là-même occasion notre maire Nathalie Appéré. « Comme tous les députés d’Ille et Vilaine, elle n’a pas voté la motion de censure contre La loi El Khomri. On l’emm….cordialement. »
Lisant à l’antenne le communiqué de l’élue (1), deux ou trois animateurs commentaient en direct sa prose. « Non, nous ne sommes pas des anormaux ! » ironisaient-ils avant de mettre le morceau de NTM : mais qu’est-ce que l’on attend pour mettre le feu ! Entre la ville et les opposants à la loi El Khomri, le dialogue est désormais coupé !
Extraits du communiqué de Nathalie Appéré :
« La position défendue par la Ville de Rennes a été constante : garantir le droit de manifester, permettre au mouvement social de s’exprimer, mais aussi exiger de l’État qu’il assure la sécurité publique, et le droit de chacun, habitant, commerçant, à vivre normalement dans notre ville. Les engagements n’ont pas été tenus. Pour autant, alors qu’ils s’étaient engagés à ne pas lancer de manifestations sauvages depuis la salle de la Cité, les occupants l’ont fait à deux reprises, ce qui s’est soldé par de nouveaux actes de violence et de nouvelles dégradations inacceptables. La Ville de Rennes n’a pu que constater et regretter, avec l’État, que les engagements pris par les occupants de la salle de la Cité n’ont pas été tenus. »