L’information a été donnée par le journal Ouest-France. Le député rennais insoumis Frédéric Mathieu, ancien cadre de la fonction publique, a licencié pour faute grave son assistante parlementaire (journaliste et ex-directrice de campagne de France insoumise), Bérénice Alaterre. En réponse, sa collaboratrice l’accuse de harcèlement moral et sexuel et l’envoie aux Prud’hommes où elle lui demande 25 000 euros de dommages et intérêts.
Congédiée le 22 décembre, la jeune femme avait été embauchée en juin 2022, mais elle était en arrêt de travail depuis septembre 2022. « J’ai vécu des humiliations, des moqueries, des remarques sexistes et des colères insoutenables. J’étais devenue le bouc émissaire de ces frustrations », explique-t-elle dans les colonnes du quotidien.
Des arguments balayés par l’élu. « Elle a été engagée le 22 juin. En juillet, je l’ai très peu vue. Du 1er au 22 août 2022, je suis partie en congrès et je ne l’ai pas vue. En septembre, elle était arrêtée. Parler de harcèlement pour sept semaines de travail effectif, cela me paraît exagéré. (…) J’ai mis mon équipe à l’abri de cette personne, notamment ceux qui ont été exposés à ses propos dégradants. »
Aujourd’hui, l’ex-assistante est soutenue par l’ancienne avocate Jeanne Larue (qui n’est autre que la suppléante du député et la vice-présidente du conseil départemental). Il y a cinq mois, elle avait d’ailleurs publié un message sur sa page Linkedlin sur le harcèlement moral, signée par la femme de loi. « Dans le cadre de la procédure en cours entre Madame Alaterre et Monsieur Mathieu, j’ai témoigné en faveur de Madame Alaterre. Sur le fond de cette affaire, je réserve donc mon entier témoignage à la justice, » confie Jeanne Larue, dans un communiqué envoyé à notre rédaction.
Dans un communiqué, Jeanne Larue s’étonne toutefois de l’attitude du député. « Les accusations proférées à l’encontre de l’assistance par son employeur ne sont apparues qu’après son signalement pour harcèlement », commente-t-elle. « Bérénice Alaterre a appris pour sa part la réalité d’une procédure au moment de l’enquête diligentée par son signalement. »
En revanche, Jeanne Larue veut aller plus loin. « Je déplore l’omerta qui existe dans les partis sur les rapports de domination exacerbés, sans aucun encadrement, ni règle, ni contrôle. Julien Bayou a, comme moi, patienté 9 mois une instruction interne à EELV qui n’avait jamais commencé. »
Et d’ajouter : « La France Insoumise a ignoré mes alertes. Après avoir vainement proposé une aide professionnelle à Monsieur Mathieu pour améliorer ses aptitudes managériales, je me suis donc tournée vers Madame Panot et son cabinet pour que le groupe parlementaire intervienne. Ces rapports de domination sont la raison pour laquelle ces partis ne reflètent pas la totalité de la population. La gauche ne sera légitime à prétendre transformer la société que quand elle sera capable de la représenter dans son ensemble, et d’incarner réellement les valeurs qu’elle défend. Travaillons-y. »