Le sort des petites mains du trafic de stupéfiants peut parfois être tragique… et se terminer mal. Car derrière l’argent facile, les règlements de compte violents peuvent être au bout du chemin. Le 15 septembre 2023, deux dealers, âgés de 15 et 19 ans, sortent de l’hôtel Ibis de Cesson-Sévigné. Devant eux, quatre hommes surgissent et les frappent brutalement. Domicilié à Épinay-sur-Seine (Seine–Saint-Denis), le trafiquant plus âgé de 19 ans arrive à s’échapper. Mais, le plus jeune, un Congolais de 15 ans, est emmené dans le coffre d’une voiture allemande qui démarre en trombe.
Quelques minutes plus tard, l’adolescent se retrouve dans un champ de Vezin-le-Coquet où il est sauvagement agressé et dénudé. Un bidon d’essence est porté au-dessus de sa tête et son torse est brûlé avec l’aide de cigarettes. « On va lui mettre une balle dans la jambe », dira l’un des agresseurs durant l’expédition punitive. Immédiatement, une enquête est confiée à la police judiciaire pour enlèvement et séquestration.
Sur les lieux du drame, les enquêteurs retrouvent un ticket de caisse d’une célèbre marque de fast-food. De ce commencement de preuve (et de l’exploitation de vidéo), les enquêteurs interpelleront le 16 octobre 2023 l’un des auteurs et ses trois complices, âgés de 21 ans. Lors de perquisitions, ils mettent la main sur 8,2 kg de résine de cannabis, 580 gr d’herbe et 3 000 euros en liquide. Mis en garde à vue à la suite des investigations diligentées par la Police judiciaire de Rennes, les quatre hommes ont été placés en détention provisoire.
On a juste voulu lui faire peur », indique un des prévenus.
Ce jeudi 23 novembre, les quatre hommes étaient jugés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Rennes. Devant les magistrats rennais, ils comparaissaient pour enlèvement et séquestration d’un mineur en bande organisée, violences en réunion et détention non autorisée de stupéfiants. À l’audience, personne ne dit la même chose ! La bande des quatre reconnaît leur présence, mais elle minimise son implication. « Cette histoire a commencé, car j’ai été moi-même précédemment agressé par une des victimes pour une dette de stups », confie l’un d’eux.
De l’autre côté de la barre, la procureure de la République déplore un récit monté de toutes pièces par les protagonistes. Car la réalité serait tout autre ! Les deux souffre-douleurs auraient été deux acteurs d’un point de deal rennais. Elles auraient volé de l’argent d’un trafic, avant de vouloir partir en région parisienne. « Ce sont des méthodes de voyous » conclut la magistrate. Le tribunal condamne Yao Melvin à deux ans d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis simple, Diaby Bakoutoubo à trois ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis probatoire, Ake Melvin à trois ans d’emprisonnement dont 1 an avec sursis probatoire et Sylla Sankomba à quatre ans d’emprisonnement.
