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vendredi 26 avril 2024
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MAÎTRE-NAGEUR : CE MÉTIER NE DOIT PAS COULER

Maître-nageur, Christophe Imbert exerce à la piscine de la Conterie de Chartres-de-Bretagne. Sa passion pour la natation a démarré très tôt, dans la région parisienne. Il est ensuite arrivé à Cesson-Sévigné en 2007 en qualité de maître-nageur. Son métier, bien qu’essentiel, souffre actuellement d’une désaffection, et reste tributaire des décisions des communes qui prennent des mesures pour diminuer la facture énergétique.

Qu’est-ce qui vous a amené à pratiquer la natation ?

J’ai débuté la natation à l’âge de 7 ans en club, et je ne me suis jamais arrêté comme licencié. À l’âge de 16 ans, j’ai commencé à entraîner, et naturellement j’ai passé le diplôme du BEESAN (Brevet d’éducateur sportif des activités de la natation) à l’âge de 20 ans. Pour la compétition, j’ai évolué vers mes 20 ans en niveau national 2 et 3 et j’ai été titré en compétition Masters.

Qu’est-ce qui vous a amené à exercer ce métier ?

J’ai toujours eu envie de transmettre mes compétences techniques et sportives aux autres. Ce métier est une passion pour moi. Il comporte de nombreux avantages : le contact avec les usagers, la satisfaction de l’apprentissage de la nage, le plaisir de fixer des objectifs différents à tous les niveaux, et bien sûr celui de travailler sur des activités variées.

Pouvez-vous nous décrire les divers aspects de votre profession ?

Au niveau intercommunal, dans ma piscine, il y a l’animation (l’aquagym par exemple), l’enseignement des cours de natation, la surveillance des bassins et la sécurité et la prévention des baigneurs. Pour le club de natation, il y a l’esprit d’équipe, le dépassement de soi et un travail plutôt sur du moyen et long terme. 

Quelles sont les causes de l’actuel manque de maîtres-nageurs ?

En premier, il faut avouer que le métier n’est pas très attractif avec les horaires décalés et les salaires. En second, les formations actuelles sont à la baisse et il faut malheureusement constater que les stagiaires sont moins passionnés pour le métier. Enfin, il y a l’évolution du métier qui tend plutôt vers animateur d’une salle de fitness. Tout ceci en miroir de la logique de rentabilité des piscines privées.

L’État promeut le savoir nager pour tous. Est-ce difficile à réaliser ?

Non, il est atteignable. Mais le Covid nous a fait du mal. Avant cette crise sanitaire, avec 2 ou 3 sessions de 10 séances, le pourcentage de réussite était très bon. Il nous suffit désormais de  retrouver cette dynamique.

Vous exercez également comme entraîneur du club, pour quelles raisons ?

J’entraîne au club de Chartres-de-Bretagne en catégories junior, senior et masters, du niveau départemental au national. C’est vraiment par passion, malgré les contraintes d’horaires, les déplacements le week-end, et la charge de la préparation des séances, des engagements et des stages. L’intérêt que j’y trouve est de transmettre des valeurs sportives. Et le fait d’avoir deux qualifications : de maître-nageur et d’entraîneur, permet d’avoir un suivi entre l’école de natation de la piscine et le club.

 La diminution de la température de l’eau a fait baisser la fréquentation des piscines à Rennes. Quelles sont selon vous les températures adéquates ?

La température du bassin sportif devrait se situer entre 26° et 28°. Si c’est trop chaud, c’est impossible de fournir des efforts intenses, même peut-être dangereux. Trop froid, c’est pareil. En plus il y a une perte de clientèle. Pour les débutants, c’est compliqué d’être à l’aise dans l’eau, surtout qu’il y a souvent du « statique » pour les explications. Pour le ludique et la pataugeoire, il faut au moins 29° pour pouvoir passer du temps en famille, car il y a moins de déplacement rapide, et donc le corps ne se réchauffe pas. Il faut aussi une eau à 29°/30° pour les bébés nageurs et les débutants.

Quelle vision avez-vous des piscines du futur et de votre métier ?

Il faudrait revoir le système de chauffe des piscines : bois et panneaux solaires. Peut-être aussi leur format : en faire des plus petites, car les actuels bassins ne tournent pas à plein régime en raison du coût énergétique et du manque de personnel. Le métier, lui, a évolué avec l’animation des « aquas ». Nous demeurons exposés aux blessures. C’est difficile d’imaginer un maître-nageur de plus de 60 ans en train d’effectuer les exercices de démonstration au bord du bassin…  Il faudrait donner le choix de revenir sur notre qualification première : l’enseignement de la natation. Pour le reste, créer un diplôme pour les activités d’aquagym, d’aquabike… Il serait aussi logique de revoir les salaires. Notre métier n’est pas reconnu alors que nous sommes des secouristes, ni même notre travail de préparation des séances, qui mériterait une bonification à l’image des enseignants. Enfin, je pense qu’il faut absolument revoir les critères d’entrée des écoles de formation.

Continuez-vous à pratiquer la natation ?

Oui bien sûr, je continue à pratiquer pour le maintien de mes capacités physiques, pour le métier.

Dragan Brkic
Dragan Brkic
Écrivain, j'ai publié Le Petit Noir des Balkans, Prière d'insérer, La condition pénitentiaire, Footness et Comprendre la délinquance française.

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