Il n’est plus besoin de se rendre à Paris pour découvrir des expositions temporaires de qualité. Le Musée des Beaux-Arts de Rennes offre tout aussi bien avec en outre une touche locale ! Il invite à découvrir jusqu’au 7 mai prochain le monde de l’art rennais durant la première moitié du XXe siècle. « C’est une vraie redécouverte pour les visiteurs et nous-même, » confie Jean-Roch Boullier, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Rennes.
Rennes à l’égal de Paris
Derrière les maîtres et les avant-gardistes de l’entre-deux-guerres, l’essentiel de la production artistique et populaire était parfois « décentrée », « désaxée » des grandes capitales comme Paris et Londres. « Rennes 1922 est l’exemple type de ce qui peut se passer en province dans le milieu artistique au début du siècle dernier », insiste l’historien d’arts Guillaume Kazerouni et commissaire de la nouvelle exposition.
Le temps d’un accrochage, le Musée ressort les décors remarquables de l’hôtel de Ville réalisés entre 1908 et 1922 sous l’impulsion du maire radical et orateur né, Jean Janvier. « Ces oeuvres ont été exécutées par six artistes exclusivement issus de l’école des Beaux-Arts de Rennes. Le maire Jean Janvier ne voulait pas de Parisiens contrairement avec ce qui avait été entrepris pour le Parlement. »
Un décor peint jamais montré depuis 70 ans
Parmi ceux exposés, le plus célèbre d’entre eux est sans doute le sculpteur Jean Boucher. Il a réalisé dans la niche extérieure de la mairie un groupe statuaire célébrant l’union de la Bretagne à la France où il insère le visage Jean Janvier. Malheureusement, il ne reste presque plus rien de son oeuvre : elle fut dynamitée par des autonomistes bretons à l’exception d’une tête de Bretonne présentée pour la première fois par le conservateur et ses équipes.
Dans la même salle, le Musée fait découvrir Louis Roger (l’un des premiers Prix de Rome de l’école des Beaux-Arts de Rennes en 1899) et Jules Ronsin (professeur et directeur du même établissement). Le premier a réalisé la plus grande commande de Jean Janvier : deux tableaux marouflés pour l’escalier d’honneur. « Nous remontrons ces tableaux pour la première fois depuis soixante-dix ans. Personne ne les avaient jamais vus. Ils avaient été remisés dans les réserves du Musée de Bretagne après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. »
Tout aussi spectaculaires sont les dessins du plus jeune des artistes, Camille Godet présentés sur les cimaises du Musée. Ils ont inspiré les peintures murales du panthéon rennais encore visibles aujourd’hui dans la mairie et inauguré en 1922. « Ces décors furent les plus importants commandés au XXe siècle pour un bâtiment public rennais, d’où l’intérêt de les remettre en valeur », insiste Guillaume Kazerouni. Renseignements pratiques : Musée des Beaux-Arts de Rennes, 20 quai Emile Zola, 35 00 Rennes. Heures d’ouverture : du mardi au vendredi de 10 h à 17 h, samedi et dimanche de 10 h à 1! H. Fermé le lundi et les jours fériés. Tarif : 4 euros. Tarif réduit : 2 euros.
REDÉCOUVERTE DE NOTRE PATRIMOINE : LE PANTHÉON RENNAIS