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vendredi 26 avril 2024
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LA VIE DES PROFESSEURS RENNAIS SANS ÉLÈVES !

Les professeurs ont quitté leurs élèves il y a plus d’une semaine sans savoir que le confinement serait déclaré le dimanche soir. « Lors d’une réunion d’urgence, l’équipe éducative avait prévu de se réunir au lycée dès le lundi », explique une enseignante, Nathalie (prénom d’emprunt). « Nous avions envisagé d’assurer, à tour de rôle, des permanences téléphoniques, voire des vidéoconférences et d’imprimer les travaux des élèves au lycée envoyés via internet. Tout cela a été balayé dès l’annonce du gouvernement. Depuis, on gère en fonction de notre temps, de notre motivation et de nos compétences informatiques … et là-dessus, nous ne sommes pas à égalité. »

A l’heure actuelle, chacun s’efforce de se « structurer » à son niveau. « Cela se fait sans réelle coordination, compte tenu de notre manque d’expérience en la matière. Heureusement, nous avions, par prudence, briefé les élèves vendredi pour qu’ils partent avec leurs cours, leurs livres et … leurs codes informatiques pour accéder à École Directe (espace en ligne sécurisé proposé par l’établissement). Aujourd’hui, nous mesurons combien cette dernière consigne était essentielle. C’est en effet, notre principal lien avec nos élèves. »

                          La salle de cours est mon balcon !

Comme beaucoup de Français, les enseignants découvrent aujourd’hui les joies du télétravail. « J’ai un nouveau bureau : mon balcon ! », explique le professeur Gwenaël (prénom d’emprunt). Depuis lundi, il n’arrête pas de bosser. « J’ai eu pas mal de boulot. J’ai mis beaucoup de choses en place avec les élèves… tout en veillant à avoir du temps pour moi. » Coup de chance, il avait préparé tout un travail de révision au cas où…. « Je vais apprécier d’ouvrir mes fichiers », ironise-t-il.

Malheureusement, tout n’est pas un long fleuve tranquille pour tous. « Pour que cela fonctionne, il faut que les élèves aient un ordinateur, une connexion internet et leurs codes… la plupart ont bien un smartphone mais leurs familles ne sont pas toutes équipées d’ordinateurs. » Mais tant bien que mal, les professeurs s’organisent petit à petit. « Compte tenu de la situation de confinement, la relation aux autres est uniquement numérique. Nous passons donc chaque jour, un temps infini devant nos écrans de téléphone, tablette, ordinateur. »

Enseignante dans un lycée professionnel, Astrid (prénom d’emprunt) ne chôme pas non plus. Sa journée type est bien réglée. « Dès 8 heures, je réponds aux mails de mes élèves et de leurs entreprises où ils sont en stage.A partir de 10h, je prépare les cours ou le travail qui va être diffusé dans la journée. Deux fois par semaine, j’ai même rendez-vous avec la direction et les collègues en visio-conférence pour faire le point sur les difficultés, notamment les lycéens qui n’ouvrent pas les mails. »

A 14 heures, Astrid ouvre ensuite l’application « Ecole directe ». « C’est l’outil N°1 de relation avec les familles, de la continuité pédagogique. Aujourd’hui, nous recevons chaque jour un nombre incalculable de messages électroniques (entre 100 et 200). Pourtant, nous avons formulé, diffusé par Internet, sur le cahier de texte, des consignes précises aux élèves qui doivent déposer leur travail dans un espace dédié …mais nombreux sont ceux qui ne les lisent. Beaucoup de questions et d’inquiétudes sont également formulées ! Notre rôle est de répondre à chacun avec bienveillance pour ne pas amener d’angoisse supplémentaire à la situation actuelle. « 

                                    La bienveillance prime !

Après ces réponses, Astrid consulte le travail rendu par les élèves. « Cette organisation est très difficile à respecter car si nous ne traitons pas toutes les demandes, les élèves et les parents, vont penser que nous ne faisons rien ! » Le soir, après le repas, Astrid corrige des copies et rapports de stage. Mais pour l’heure, elle fait preuve d’indulgence. « J’ai fait le choix de récompenser les élèves qui font le travail dans les délais exigés. Il est hors de question de sanctionner les récalcitrants dans le contexte actuel. Certains n’ont en effet pas la possibilité d’avoir accès à École directe. La bienveillance prime.  En revanche, je fais une liste des élèves qui n’ont pas réalisé le travail demandé pour qu’ils soient contactés ultérieurement par l’équipe de vie scolaire. »

Toutefois, les enseignants ont parfois bien du mal. « Aujourd’hui, ce n’était pas facile. Beaucoup d’enfants ne sont pas motivés du tout. Certains nous ont dit avoir trop de travail, d’autres pas assez ! », explique Chloé (prénom d’emprunt), professeur de français. « Préparer les cours n’est pas vraiment un problème.  Le souci est de répondre à toutes les questions des parents. Nous sommes obligés de leur envoyer des tutos, de faire le service après-vente », s’amuse-t-elle. Mais elle minimise toutefois ses craintes. « Il faut laisser le temps. Personne n’est vraiment formée. Tout le monde va finir par s’y retrouver. » Leur angoisse est surtout le « plantage » de leurs ordis. « Pourvu qu’Internet fonctionne… car là je serai vraiment isolée ! » Pour l’heure, nos profs tiennent bon. « Mais rien de facile ! Derrière nos cours, je dois aussi en donner à mes enfants… Amis parents, soyez indulgents. »

La phrase ironique du jour : « Des parents se plaignent auprès de nous de la fainéantise de leurs enfants, mais en classe, ils ne font rien non plus !  » 

Jean-Christophe COLLET
Jean-Christophe COLLET
J-C Collet est journaliste et auteur (Lieux romantiques à Paris, Bretagne Chic, On dit qu'en Bretagne, Bretagne pas chère, Livre blanc sur le Nucléaire...).

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