En ce mardi 17 mai 2022, les spectateurs attendent devant les guichets du Roazhon Park où se rejoue la demi-finale de France-Allemagne de la coupe du monde de 1982, grâce à l’artiste performer, Massimo Furlan. Quarante ans plus tard, ils espèrent une victoire. Ils sont revêtus de bleu pour encourager la bande de Michel Platini contre les ogres teutoniques.
En montant les escaliers abrupts et vertigineux, les spectateurs entendent les commentaires de Vincent Simonneaux et Cyril l’Helgoualch, leur oreille collée sur un petit transistor. Une fois installés dans la tribune, leur équipe entre dans le stade. Pour une fois, elle est mixte, avec shorts et maillots semblables pour les femmes et les hommes. Pour une fois, elle représente la population française dans sa diversité de couleurs et de… corpulence.
Des bleus à l’âme
Devant le stade debout, la formation française entonne en chœur la Marseillaise. Mais face à elle, il n’y a pas d’adversaires, ni de ballon, ni d’arbitre. Elle reste face à elle-même, prête à l’exploit et encouragée comme il se doit par le Kop français. Seule sur scène, elle sait ô combien la rencontre va être difficile sous le « cagnard » et le regard d’environ 2000 spectateurs. Comme dans une pièce de théâtre, elle a le « trac », l’angoisse de ne pas bien faire…
Dans l’enceinte sportive, comme à Séville, une « ola » enflamme le public. Comme à Séville, les Français applaudissent à tout rompre les passes de Platini, Giresse, Bossi et Tigana comme dans un magnifique rappel à la comédie française. Comme à Séville, ils crient contre les tacles allemands. Tout est imaginé, dansé, interprété par les joueurs ; tout comme les commentaires à la mi-temps des fans à la buvette. « J’y crois encore », s’amuse l’un. « Ne t’inquiète pas, on va gagner », répond l’autre.
À cet instant de la rencontre, les espoirs sont là ! Tous souhaitent une victoire et de grands arrêts du gardien Ettori, mais l’armoire Schumacher met en pièce le pauvre Battiston sous les huées du public. C’est le tournant du match, du spectacle. Dans le stade, c’est la fureur, la consternation. Maigre consolation, Battiston se relève bien vite (ce qui ne fut pas le cas, il y a 40 ans !). Dans les gradins, les loges, les spectateurs dépités ont des bleus à l’âme. C’est acté : les Allemands gagneront encore quarante ans après. Mais que l’on se rassure, il y eut toutefois une victoire hier au Roazhon Park : celle des artistes et de la culture.
Infos + : le spectacle était organisé par les Tombées de la Nuit, en collaboration avec l’artiste Massimo Furlan.
