Nathalie Appéré, maire de Rennes, devient une habituée du journal Libé. Il y a quelques jours, elle publiait une tribune sur la baisse des APL. Elle revenait ce matin dans les colonnes du journal de Laurent Joffrin pour une interview « vérité ». http://www.liberation.fr/france/2017/10/22/nathalie-appere-il-faut-tout-reprendre-dans-la-vieille-maison-socialiste_1604939
Mais au-delà des propos tenus par notre élue, sa photo a beaucoup fait parler dans le Landerneau rennais ! Notre maire en position allongée sur un divan en a surpris plus d’un. « Cela ne lui ressemble pas », affirmait l’un. « Elle n’est pas souriante, » précisait l’autre. « Certes, elle ne semble pas à l’aise sur son divan, mais c’est gonflé ! », coupait court une jeune femme. « Les mecs vont se moquer. La droite va glousser. Je suis toutefois agréablement surprise et j’aime assez. »
On aime ou on n’aime pas cette photo. Elle aura en tout cas le mérite de faire parler et de casser l’image de notre maire. Toutefois, elle ne met pas sous silence son attaque à peine voilée contre Emmanuel Macron. « Nous avons assisté à l’envol d’un homme aux ressorts politiques opposés aux miens : à la fois libéral débridé et dans un rapport autoritaire au pouvoir. Je trouve que la verticalité du pouvoir dont il se revendique, c’est l’antimodernité absolue. Il faut au contraire faire de la démocratie en continu, comme dit Rosanvallon, sortir de notre zone de confort et faire confiance à la parole des citoyens. »
Loin de l’attitude présidentielle, Nathalie Appéré se revendique en femme de gauche. « je suis obligée de constater que le Président ne pense qu’avec son hémisphère droit. Je dirais qu’il n’a même plus le surmoi pour empêcher des réformes que la droite elle-même n’avait pas osé faire ! » Face à cette politique, elle propose une opposition qui construit. Elle met en avant son action locale (le loyer unique, tarifs solidaires). « Si je suis maire de Rennes, c’est parce que je me suis inscrite dans un chemin militant que d’autres ont défriché. Contrairement à Emmanuel Macron, je ne crois pas à la femme ou l’homme providentiel. Je crois au talent individuel lorsqu’il s’inscrit dans une intelligence collective. »
Après avoir été « groggy », Nathalie Appéré veut refonder la gauche. « Le nouveau PS, lui, doit partir du local. On ne doit pas être un parti qui vise uniquement la conquête du pouvoir. On doit être aussi un espace où l’on se ressource, se forme, débat (…) Si on regarde ce qui se fait, ici, à Rennes, on a une majorité avec des socialistes, des écolos, des radicaux, des communistes, des régionalistes et des hommes et des femmes sans appartenance partisane. Nous n’avons pas attendu Emmanuel Macron pour nous ouvrir à la société civile ! » Indéniablement, Nathalie Appéré veut aujourd’hui reprendre la main…
Appéré tout en émotion. « Après trois mois de débats très durs, j’ai finalement voté l’article sur la déchéance de la nationalité… Le soir, je suis rentrée chez moi et j’ai pleuré. Ça remuait des choses très fortes en moi. Je me suis demandé : «Jusqu’où es-tu prête à aller ? Comment équilibrer tes valeurs, ta loyauté et la recherche du compromis ?» C’était un moment de vérité personnelle. Ça reste une blessure profonde. »
Un autre style ! Lors des conseils municipaux, Nathalie Appéré est coutumière des phrases à rallonge, des phrases type « sciences-po » difficiles à comprendre. Mais là pour une fois, notre maire parle sans ambages, sans retenue, sans convenance. Elle évoque un « grand bonhomme » pour Jean-Yves Le Drian. Elle parle de la « vieille maison » pour reconstruire le Parti socialiste. Décidément, cet article est surprenant !