Raymond Depardon voyait la vie en noir et blanc. Dans ses clichés, rien de chiqué ! Il présentait l’olympisme dans sa splendeur, dans ses joies et détresses. Durant quelques semaines, il expose ses œuvres à la Frac, où, une pour une fois, l’art n’est pas un concert, où pour une fois, la beauté est dans la réalité. De 1964 à 1980, l’homme sillonne le monde. Il découvre l’univers du sport durant 6 olympiades, jusqu’aux Jeux de Moscou en 1980.
Un « Antoine Blondin » de la photo
Pour chaque édition, Depardon saisit l’instant. Il devance l’exploit ou l’échec. À Tokyo, il est là pour la défaite du Français Michel Jazy (5000 m). A Mexico, il est encore là pour la victoire de belle Colette Besson (400 m), le recordman de Bob Beamon et les défaillances terribles des Marathoniens. Sans cesse, il gravait l’excellence sur des pellicules, comme le légendaire triplé de Jean-Claude Killy (1968) et les sept médailles du nageur Mark Spitz (1972).
Parfois, le chasseur d’images entre dans l’histoire ! Il photographie l’horreur à Munich (le massacre des sportifs israéliens), les revendications des athlètes noirs à Mexico. Mais là où, sans doute, Raymond Depardon est le plus fort. Il ressent l’exploit. Il est le seul à tirer le portrait à Montréal de la Roumaine Nadia Comaneci à Montréal (1976). Le photographe de presse devient journaliste.
Raymond Depardon raconte l’odyssée de l’olympisme. Il reprend le flambeau de la très controversée Leni Riefenstahl qui, en 1936, filma les Dieux du Stade. Mais à la différence de son aînée, il figea dans l’éternité immobile les sportifs de toutes les nations. Il faisait rentrer dans l’histoire des athlètes aux visages radieux, aux biceps taillés au forceps ! Raymond Depardon est devenu une légende vivante, comme bien de nombreux sportifs. Raymond Depardon, les JO de 1964 à 1980, Frac, jusqu’au 5 janvier.