Les adolescents vont-ils tous à la salle ? Traduction, vont-ils faire de la « gonflette » ? Sont-ils devenus des accros des culturistes, comme Arnold Schwarzenegger ? À en croire certaines mères de famille, le phénomène ne serait pas un simple… épiphénomène. « Mon fils se rend trois fois par semaine, dans un espace sportif », explique la cinquantenaire alerte. « Cela me désole », ajoute-t-elle. « Il ferait mieux de lire un bon bouquin ! Surtout que je ne trouve pas cela très beau ! »
Des pères sont tout aussi énervés ! « À son âge, je me passionnais pour autre chose », dit l’un d’eux. Mais leurs rejetons n’en ont cure. « J’ai pris des pecs en quelques mois, » note Grégoire. « Je n’ai jamais été si musclé », s’amuse Antoine. Tous les soirs, ils filent à la salle pour faire comme les rois et les reines de la musculation comme Jen Selter ou Amanda Bisk. « C’est juste pour avoir une bonne image de soi », assure Matéo, adepte.
Quand j’ai commencé, les salles étaient moins blindées de monde ! Il y a beaucoup de jeunes (hommes et femmes) qui ont moins de 18 ans », ajoute une passionnée.
En soulevant des haltères ou des kettlebells (une boule de fonte avec une large anse que l’on saisit avec les deux mains), les jeunes sculptent leurs corps. « Avec deux séances hebdomadaires de 45 minutes, on a l’impression d’être plus tonique dès la troisième semaine », assure un coach d’un grand centre rennais. « C’est un remède efficace pour éviter la diminution programmée de la masse musculaire. » Car d’après certaines études, la musculation serait bonne pour la santé. Elle renforcerait les tendons, améliorerait la capacité respiratoire, préviendrait l’ostéoporose et ferait du bien au cœur. « En faire souvent permet de développer toutes les parties du corps », ajoute Matéo.
Coach sportif, Patrick Janvier confirme la hausse de l’usage chez les jeunes. « Les réseaux sociaux en incitent beaucoup à franchir le pas », explique-t-il. « La perte de poids, la reprise de confiance en soi sont d’autres facteurs motivants. » À défaut de chausser des crampons ou des ballerines, les ados privilégieraient la « gonflette » pour des raisons sportives et aussi… pratiques. « On peut faire cela quand on veut », assure Cédric. Problème, certains deviendraient accros. Ils auraient tendance à prendre des produits, des protéines, bref à vouloir se transformer en Hulk ou en « mister » muscle.
La musculation me permet d’être plus performant dans mon activité physique », assure un jeune âgé de 16 ans.
Pour progresser en toute sécurité, Willy Levionnois, lui aussi coach, conseille d’être accompagné par des professionnels diplômés. « La musculation permet à beaucoup de jeunes de venir à bout de leurs complexes. Mais certains pensent pouvoir gagner du temps en s’orientant vers le dopage en dépit des risques encourus pour leur santé. Je suis totalement contre à tel point que je déconseille même les compléments nutritifs. Une bonne alimentation et des entraînements réguliers suffisent pour avancer lorsque l’on débute. »
Même avis chez une adepte depuis plusieurs années. « Beaucoup trop de jeunes (surtout des hommes) ne sont pas encadrés. Ils soulèvent des poids très lourds. Il y a une dérive bien souvent influencée par les influenceurs des réseaux sociaux qui proposent des programmes non adaptés à leur santé ! La musculation est un sport de patience. Ce n’est pas en prenant des produits miracles que vous allez avancer. Cela peut même être extrêmement dangereux. Tout comme Willy, je conseille aux jeunes d’être accompagnés par des vrais spécialistes pour évoluer dans leur pratique. »
Infos + : Dans ce milieu, les injections de dopants ne sont pas rares ! En voici un exemple. « Je m’en fais depuis l’âge de 16 ans, » confie Paul (changement de prénom). « Mon gain d’énergie est impressionnant. Je suis toujours en forme et mes objectifs sont atteints 5 fois plus vite qu’avant. Mon boulot d’infirmier m’oblige à faire des gardes de 4 jours sans dormir et, malgré tout, je suis capable de soulever 110 kg en développé couché ou 300 kg à la presse. »