Dans leur pays, les Iraniens ont pour habitude de célébrer les deuils les 3e, 7e et 40e jours. Cela fait maintenant 40 jours que Mahsa Amini est décédée des violences de la police des mœurs pour un voile mal positionné. Ce mercredi 26 octobre, dans la salle du Tambour, des étudiants iraniens ont organisé dans un temps record un concert en soutien au peuple iranien et au mouvement Femme, Vie, Liberté. Ils tenaient à apporter aux Iraniens expatriés un peu partout dans le monde un motif d’espoir, après le drame de trop.
Des images d'une grande force et d'une extraordinaire émotion ! Quarante jours après son assassinat par la police des mœurs, une foule immense se rend au cimetière de la ville de Saqqez dans l’ouest de l’#Iran pour rendre hommage à #MahsaAmini. pic.twitter.com/sngwP3VbvT
— Farid Vahid (@FaridVahiid) October 26, 2022
Avant que le spectacle ne démarre, les carabins ont pris la parole pour témoigner des nombreuses répressions du gouvernement des mollahs et dénoncer la situation économique actuelle en Iran (plus de 60 % d’inflation en un an). « Nous vivons dans l’angoisse et nourrissons des inquiétudes pour nos proches, » expliquent les étudiants. « Certains ont été emprisonnés ou sont sous la menace de l’être simplement parce qu’ils osent exprimer leur opinion (leur ras-le-bol des lois oppressives et du manque de liberté). »
Depuis des semaines, beaucoup d’Iraniens encontrent une grande difficulté à obtenir des nouvelles de leur famille ou à échanger tout tout bonnement avec elles. « Certains ne parviennent plus à financer leurs études et doivent se débrouiller pour s’autofinancer », confie l’un d’eux. « Pour d’autres, les transferts d’argent de leurs parents ne sont plus possibles. La situation leur est donc des plus inconfortables. Nous faisons aujourd’hui appel à la compréhension du Crous, et autres administrations. Nous demandons notamment des délais supplémentaires pour payer les dettes et pour l’analyse des dossiers d’Iraniens (privés d’Internet et donc sans occasion de candidater) qui souhaitent venir en France. »
Après ce discours inaugural militant et touchant, la place était donnée aux artistes, étudiant en musicologie à Rennes II. Au programme des airs perses modernes, interprétés au violon et au kamanché et accompagnés pour certains morceaux par des vocalises de quatre chanteuses. Les nappes aux pianos très harmonieuses, énergiques se sont vite accordés à merveille avec les sons très orientaux du kamanché. Vers 22 h, après 3 rappels, le concert se termine avec un chant traditionnel « Hamrah sho aziz » (rejoins-nous) que de nombreux iraniens reprennent aujourd’hui à leur compte. Les musiciens ont reçu une ovation du public présent sur place et le slogan « Femme, Vie, Liberté » a été chanté en chœur.