Frank Darcel est tel le phénix, une sorte d’oiseau breton légendaire qui renaît sans cesse. Le Rennais joue au Liberté le 16 septembre avec son groupe phare, Marquis de Sade, 35 ans après leur séparation. L’occasion de revenir sur le parcours exceptionnel de ce Costarmoricain talentueux.
Le voyage forme la jeunesse. Comment parler de Frank Darcel sans évoquer la Bretagne et l’Amérique ? Né à Plessala, non loin de Loudéac, une commune dont sa mère était le maire, il se rend à l’âge de 12 ans en vacances à New York chez son oncle. « Habituellement, mes parents m’emmenaient en Yougoslavie, à Banja Luka », se souvient-il. Pour la première fois de sa vie, il découvre la ville où l’on ne dort jamais ! « C’était incroyable pour un petit gamin breton. »
Les années rennaises. Frank débarque à Rennes en 1975 pour y effectuer ses études de médecine. Mais il succombe rapidement à l’ambiance rock frénétique des années soixante-dix de la capitale bretonne. Comme emporté par la magie du destin, il se lance dans le punk en fondant en 1977 Marquis de Sade avec Christian Dargelos. Rapidement, le groupe devient tendance, un must national en post-punk, new-wave… Le public branché voyait en ses membres des romantiques idéalistes, produisant un rock à la fois sombre et esthétique, un rock pensé et adulte.
David Bowie. Dans la cité new-yorkaise underground, le guitariste de Marquis de Sade rencontre en 1980 Davie Bowie dans une boîte de nuit . « J’ai juste bu une bière à ses côtés, c’était marrant ». Ironie du destin, trois ans après, en juillet 1983, il joue en première partie du concert de David Bowie à l’hippodrome d’Auteuil devant 70.000 personnes, avec son nouveau groupe : Octobre.
Daho et Obispo. Les années 80 sont marquées par la création de tubes pour son pote Daho : Le Grand Sommeil, l’album La Notte et Tombé pour la France. En 1989, il fonde Senso dont le chanteur n’est autre que Pascal Obispo…
Portugal. À la fin des années quatre-vingt-dix, l’envie de voyager, de découvrir une cité européenne, est plus tentante que l’existence habituelle rennaise. Il s’exile au Portugal, à Lisbonne. Il devient le producteur d’un célèbre chanteur de pop-rock Paulo Gonzo. Dans le même temps, il se met à écrire son premier manuscrit, L’ennemi de la chance.
Rennes et l’écriture. Frank revient à Rennes, sa ville bien-aimée. Il profite de ce nouveau déménagement pour sortir Le dériveur (road novel) et Voici mon sang (polar). Puis sa passion pour l’écriture prend un tournant à 180° lorsqu’il se lance dans la conception de l’encyclopédie du rock breton dans les volumes Rok 1 et 2. Ce travail titanesque lui convient parfaitement : il écrit, imagine, fait travailler des collaborateurs, effectue des recherches. Au final, il sort un magnifique ouvrage, une bible pour les rockeurs bretons.
Politique. Musicien, producteur, écrivain, amateur d’art, ce touche-à-tout est un amoureux de la Bretagne et de la langue bretonne. Pour les défendre, il est le maître d’œuvre d’un nouveau parti, Breizh Europa, qui a pour ambition de présenter une liste aux élections municipales rennaises de 2020. De là à penser que Frank Darcel prendra la tête de cette liste… « La politique, c’est important, il ne faut pas la laisser aux seuls politiciens », assure-t-il.
L’actualité. Sa formation actuelle, Republik, a effectué une tournée nationale. Elle commence à jouir d’une bonne réputation. Preuve en est : les Talking Heads ont même réalisé une session Republik ! Outre la production du nouvel album de la chanteuse bretonne Nolwenn Korbell, il vient de rédiger un nouveau polar, Pagan, dont l’action se situe au commissariat de Rennes durant un été… On piaffe d’impatience de voir et d’écouter le concert-événement de Marquis de Sade le 16 septembre au Liberté.