Le vendredi 25 septembre 2020, le professeur d’art dramatique fait la une du journal Libération, sous le titre : « abus au conservatoire, la peur aux planches ». On l’accuse d’humiliations et d’agressions sexuelles (voir notre article). Résultat, la ville (autorité chargée de la gestion du site) se sépare de son enseignant le 6 décembre 2021. Mais l’intéressé ne l’entend pas de cette oreille. Il demande au tribunal administratif de Rennes l’annulation de la sanction. Non, il n’est pas le prédateur décrit dans le reportage. Non, il n’a pas agressé sexuellement. Non, il n’a pas commis de colères répétées envers ses étudiants. « Le jeu de nature sexualisé est extrêmement fort et important dans l’art dramatique et nécessaire dans le cadre de la préparation aux concours d’entrée dans les écoles supérieures de théâtre. La prétendue “hypersexualisation” de certaines parties de son enseignement n’est issue que du sentiment des élèves et non d’un constat objectif », rapporte son avocat, maître Batôt devant les juges.
Un avis battu en brèche par la municipalité rennaise. « Son comportement devient incompatible avec les missions dévolues aux agents territoriaux chargés de missions au sein d’un conservatoire, en contact notamment avec des adolescents et de jeunes adultes. Ce comportement a entraîné des conséquences sur la santé des élèves et sur leur volonté de continuer le théâtre. » Mais qu’en pense le tribunal administratif ? Le requérant n’a pas eu connaissance de l’intégralité des témoignages recueillis par le cabinet Forhuman, lors de l’enquête administrative menée auprès de dix élèves de la promotion. Mais aussi et surtout, il a illégalement été sanctionné deux fois pour les mêmes faits (puisqu’il avait déjà reçu un blâme en mars 2020). Pour ces deux motifs, le tribunal a suspendu la décision et demande la réintégration de l’enseignant.
Info + : après son avertissement en mars 2020, le professeur a repris des responsabilités au sein du cycle d’orientation professionnelle du conservatoire. « L’enquête n’a pas permis de “mettre en évidence des éléments de preuve formelle permettant d’établir la faute grave », avait affirmé la mairie dans les colonnes de Libération. « Et ce d’autant plus que les élèves ont refusé de produire des témoignages individuels et ont souhaité rester anonymes.” Quelques mois après, l’enseignant était persona non grata !