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jeudi 25 avril 2024
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ATTAQUE DU MAMA SHELTER : LE JUGEMENT SERA RENDU LE 15 MAI

Dans la salle du tribunal correctionnel de Rennes, ce jeudi 20 avril, des jeunes, beaucoup de jeunes, sont venus soutenir leurs deux camarades accusés d’avoir dégradé le Mama Shelter et maltraité les gardiens. Ils sont tous calmes. Dans un coin, le directeur de l’établissement hôtelier est présent en personne. Dans la soirée du 16 mars dernier, il a vécu l’enfer. Son hôtel a été la proie d’une attaque violente de manifestants. Ses quatre vigiles ont été blessés (hématomes, douleurs, plaies) et sa façade détruite. Devant le tribunal, son avocat, maître Jérôme Stéphan, tient à exprimer le désarroi de son client. « Depuis ces évènements, il aurait pu se répandre dans la presse. Mais il a réservé sa réaction à la justice. Il s’est fait aussi discret que possible et s’est contenté d’assurer la sécurité de son personnel. » 

Devant les deux suspects (21 ans et 22 ans), l’avocat ne mâche pas ses mots. « À 20 ans, on est dans l’âge de la contestation comme je l’ai été. Mais il est encore plus louable quand on va au bout de ses idées.  D’un côté, tous deux rejettent le système, refusent de donner leur identité, lisent Frédéric Lordon. De l’autre, ils demandent à poursuivre leurs études, à ne pas rater leurs cours. » Sans sourciller, l’avocat dénonce leur positionnement. « Où est la démarche intellectuelle quand on s’attaque au Mama Shelter ? Où est la logique intellectuelle quand on s’en prend aux années d’investissement de mon client et à ses vigiles qui travaillent de nuit ? »  

Il leur faut une certaine détermination pour être en première ligne », explique Jérôme Stéphan.

Devant le drame subi par le gérant de l’hôtel, l’avocat demande à titre de dédommagement 800 euros pour chacun de ses vigiles et 5000 euros pour le préjudice moral de l’établissement. Face aux juges, les deux étudiants en pharmacie et en statistique sont restés droits dans leurs bottes. Ils n’ont pas manqué d’aplomb pour contester les faits, dans un discours appris par cœur (selon les propres mots du procureur). « Ce soir-là, la réforme des retraites est passée en force », explique le jeune homme. « Je voulais exercer mon droit à manifester. En bas de la place des Lices, il y avait énormément de monde. Je me suis retrouvé à courir et à suivre le mouvement. Au moment où je suis arrivé sur les lieux, il y avait un nuage de fumée. C’est à ce moment-là que j’ai été interpellé. Je n’ai jamais porté de barres de fer, je n’ai jamais lancé de banc contre la façade. » 

Même son de cloche chez la jeune femme. « Ce soir-là, j’ai utilisé mon droit de manifester », confie-t-elle. « Je conteste les faits. Je n’ai jamais eu l’intention de commettre des violences ni perpétrer des dégradations. Je suis bien arrivée après les affrontements au moment où c’était très confus. J’étais devant le bar Le petit vélo quand tout a commencé. »  Dans leur sac, les policiers trouveront le parfait attirail du manifestant. Mais là encore, les deux prévenus ont une réponse. « Le masque, c’était pour me protéger des lacrymogènes, » précise notamment la jeune femme. 

Numéro deux du parquet, le procureur de la République, Sébastien Farges, a requis dix mois d’emprisonnement à l’encontre des deux prévenus, l’interdiction de manifester et de détenir une arme pendant deux ans. « On ne peut pas admettre ces débordements commis en réunion », a-t-il proclamé en substance, ajoutant : « Je ne vois pas le lien entre l’utilisation du 49.3 et le Mama Shelter. Je ne vois pas de symbole quand on s’attaque à des vigiles. Je vois plutôt une infraction pénale. » Devant les réquisitions du magistrat, les deux avocats de la défense ont demandé la relaxe pour leurs deux prévenus. L’un, maître Olivier Pacheu, a soulevé des problèmes de procédures et d’investigations. « Ce dossier n’est pas d’être jugé. Il n’a aucune analyse à la décharge de deux étudiants. Il n’y a aucun travail d’enquête. » Le second, maître Nicolas Prigent, a exprimé son interrogation. « Je ne sais pas de quoi on accuse mon client », s’insurge-t-il. « Je suis désolé, mais dans cette affaire, je n’ai pas entendu une démonstration suffisante de son implication. Mon client ne peut pas être coupable parce que d’autres n’ont pas été arrêtés. » Le délibéré du jugement sera rendu le 15 mai à 14 h. 

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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