Il s’appelait René. Il n’est pas mort en 1914, ni même lors de la bataille de Verdun. Mais il passa quatre ans loin de Rennes dans la 10e armée.
Quatre ans sur les champs de bataille ou à l’arrière du front. Il eut même le droit à la croix de guerre (Ruban vert avec liserés et bandes rouges) qu’il conserva précieusement tout au long de sa vie dans un vieux tiroir.
Ton fils qui t’aime
Au début du conflit, René n’a pas de petite amie. Seul, désespérément seul, il écrit uniquement à sa chère mère, madame Porcher, domiciliée au 26 rue Dupont des Loges. « Bien le bonjour du dimanche, mille baisers, » lui dit-il le 29 novembre 1914 au dos d’une carte postale représentant des soldats allemands en embuscade !
Parfois, René rassure sa mère. « Je suis toujours en bonne santé, ton fils qui t’aime. » En guise de réponse, sa mère est beaucoup plus loquace. Elle lui envoie une carte postale représentant la grande allée du Thabor et le cèdre du Liban. « Mon cher René, nous avons été très heureux de recevoir de tes nouvelles que nous attendions avec impatience. »
Allons, mon cher enfant, ayons courage
Dans sa missive, un certain 19 août, madame Porcher lui donne des nouvelles d’un certain Georges et d’un autre ami dans le ravitaillement. Avant de finir par ces quelques mots : « Allons mon cher enfant, ayons courage, tout va bien et j’ai le ferme espoir de te revoir. Ta mère qui pense bien à toi et qui t’embrasse de tout cœur. »
Durant toute la guerre, René écrit à sa chère mère, régulièrement. « Je rentrerai samedi à 3h 12. Bien le bonjour à tous et à samedi. Ton fils qui t’aime. » Mais il n’est jamais très bavard, sauf une fois où il lui écrit : « je suis en bonne santé. » Avant de lui préciser : « je reçois beaucoup mieux mes lettres. Je crois qu’avec la nouvelle adresse, je serais très heureux. En attendant le plaisir de te voir. Ton fils qui t’aime. » Comme quoi, les poilus rennais avaient parfois la fibre maternelle et la sensibilité au bout du canon.