Mercredi 24 mai 2023, devant Sainte-Thérèse (classée monuments historiques), de nombreux badauds sont rassemblés autour de la flèche du clocher, posée encore sur le sol. Parmi eux, le curé Robert Langouët a presque les larmes aux yeux. Il a vécu l’incendie (https://www.rennes-infos-autrement.fr/sainte-therese-en-feu/) de son église, lors de cette funeste nuit du 31 juillet au 1er août 2018. « Cela fait cinq ans que l’on attend cet événement », explique-t-il.
Devant lui, la flèche commence à s’élever dans le ciel, doucement, très doucement. « Je suis saisi par cette montée lente et majestueuse et émerveillé par tous ceux qui ont réalisé ce prodige », confie Monseigneur Pierre d’Ornellas, évêque du diocèse de Rennes. « Merci à ceux qui ont reconstruit cet ouvrage avec patience et savoir-faire. »
Des chantiers sur des monuments historiques nous en effectuons régulièrement. Mais de si haut et si volumineux, c’est une première pour notre entreprise. Pour nous, c’était un véritable défi. » a déclaré Raphaël Reverdy, responsable de la société Limeul.
Sous les applaudissements, le grutier pose l’ouvrage au sommet de l’édifice religieux à plus de 63 m de haut. Ses mains ne tremblent pas ! Soixante mètres plus bas, Raphaël Reverdy, directeur de Limeul (http://www.limeul.com), est aux anges. « Si nous pouvons vivre cet événement ce matin, c’est grâce aux 300 h d’études, aux 3 mois de transformation dans nos ateliers et aux 5 à 6 mois de travail, ici, sur le parvis. »
Pesant 16 tonnes, la flèche est haute de 21 mètres. « Il aurait été possible de réaliser directement la charpente et la couverture au sommet de l’église », explique Raphaël Reverdy. « Mais dès le départ, notre méthodologie a été de privilégier la sécurité des salariés. À 60 m de haut, le vent n’aurait pas été freiné par différents obstacles. Il aurait été bien plus fort en haut que sur le parvis. »
Avant d’arriver en ce jour de levage, l’entreprise Limeul n’a pas chômé. Elle a retrouvé les plans initiaux signés par l’architecte Hyacinthe Perrin. « Nous avons eu des réunions avec les architectes des Bâtiments de France pour déterminer les essences de bois, les types d’assemblage, la nature des ardoises… » Quelques mois après, l’église est de nouveau pleine et entière. Le curé y célébrera la messe ce dimanche, à 9 h 30, à l’occasion de la profession de foi de nombreux enfants.

Infos + : Construite en 1936, cette église est inscrite comme monument historique depuis 2015. L’incendie de 2018 avait profondément marqué les fidèles catholiques, les habitants du quartier et de la ville et les pompiers. « L’opération était peu commune par rapport au monument et aux contraintes techniques », explique Jacques Bossé, chef de groupe, lors des secours. « Le sinistre était à 65 mètres de hauteur. » Cette nuit-là, les soldats du feu sont intervenus courageusement dans le bâtiment religieux. « Ils ont réussi à “stabiliser” les flammes et à faire une reconnaissance dans l’édifice. Heureusement, nous avons eu un peu de chance avec nous : la flèche s’est effondrée sur le côté sud. Il n’y a pas eu dégâts dans l’église. » Particulièrement touché, Jacques Bossé tenait à être présent au milieu des personnalités. « C’est une nouvelle histoire pour cette église et c’était très émouvant à vivre. La montée de cette flèche est tout un symbole. C’est chouette. »