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TENTATIVE D’AGRESSION AU COUTEAU D’UNE ENSEIGNANTE AUX HAUTES-OURMES : CE QUE DIT LE PROCUREUR

Au collège des Hautes-Ourmes, à Rennes, ce mercredi 13 décembre 2023, une enseignante d’anglais donne un cours à une classe de cinquième, en demi-groupe, de 9 h 25 à 10 h 20. Elle a prévu la diffusion d’un film pédagogique. Mais une de ses élèves, âgée de 12 ans, semble très agitée au fond de la classe. Elle lève souvent le doigt de manière inappropriée. Immédiatement, la professeure (qui l’est aussi dans un milieu spécialisé) décide de s’asseoir auprès d’elle pour lui demander ses souhaits. «L’enseignante était en mesure d’analyser plus qu’une autre la situation », précise le procureur de la République, Philippe Astruc.

L’arme.

À cet instant, l’adolescente se confie dans les termes suivants. « Je suis folle », aurait-elle dit à voix basse. « J’ai envie de tuer quelqu’un, de tuer les élèves qui ne m’aiment pas et la personne qui se trouve en face de moi. Cela s’est passé à Arras et je vais faire pareil. » Après cette discussion (non entendue par les autres camarades de classe), la fille sort une lame de 17 centimètres de son cartable. Immédiatement, la professeure, qui sera menacée par la suite, décide l’évacuation de la classe. 

Sans plus tarder, l’enseignante s’enfuit avec derrière elle la jeune élève d’origine mongole. Heureusement, une de ses collègues espagnoles, qui faisait cours porte ouverte, l’agrippe puis ferme à clé sa classe. Mais l’adolescente continue son chemin. Entendant l’agitation et les cris, le conseiller principal d’éducation et un médiateur vont au-devant du danger. Ils montent les étages et se retrouvent nez à nez avec l’élève toujours munie de son arme blanche. « Tous deux lui demandent de lâcher son couteau, mais elle ne le fait pas », précise le procureur.

Après une brève poursuite, les deux hommes arrivent à neutraliser l’élève. « Ils lui enlèvent l’arme de la main et à la maîtrise. Je tiens d’ailleurs à rendre un hommage appuyé au courage, au professionnalisme, au sang-froid de l’ensemble de ces personnels de l’Éducation nationale qui ont su gérer une situation quelque peu extrême. » Appelée vers 9 h 40, la police a interpellé l’auteure des faits qui a été placée en retenue judiciaire. « C’est une mesure assez exceptionnelle », note le procureur. « Elle peut durer 12 h et se prolonger de 12 h. Son état a été jugé compatible avec la retenue par un médecin. »

Dans cette affaire, une enquête a été ouverte sous la qualification de tentative d’homicide volontaire sur personne chargée d’une mission de service public. « Les investigations sont confiées à la Sûreté départementale de Rennes qui, depuis ce matin, poursuit les auditions de l’ensemble des témoins. Nous tâchons de comprendre le contexte et pourquoi cette élève en est venue à ces menaces extrêmement graves. » Dans le cadre de cette enquête, le procureur a diligenté un examen médical à l’enfant au service psychiatrique de l’hôpital Pontchaillou. « Ce diagnostic nous permettra de nous éclairer plus sur la situation. »

Aînée d’une fratrie de quatre enfants, la jeune fille vit dans une famille mongole en France en situation régulière. « Ils ne sont pas du tout connus des services de police et ils sont athées. Auparavant, cette mineure s’était déjà fait connaître pour des troubles du comportement et de la communication. Entre janvier et juin de l’année dernière, elle s’était déjà présentée à son collège (Les Chalais), avec un couteau dans son cartable. Mais il n’y a pas eu de suite dommageable. En revanche, elle avait fait l’objet d’un passage en conseil de discipline au mois de juin, à la suite de menaces verbales et d’injures contre un professeur. » Depuis, elle a été exclue de cet établissement.

Après ces faits, l’Éducation nationale avait informé le conseil départemental de la situation (conformément aux procédures habituelles). « Cet été, le département a conclu au besoin d’accompagnement dans un cadre administratif de la famille. Le père était notamment désireux d’avoir de l’aide s’agissant de la mise en place des soins et d’un suivi scolaire. »

Mes services ont saisi l’association d’aide aux victimes pour cette professeure d’anglais. » Philippe Astruc.

Dans l’après-midi, la justice rennaise a informé le parquet national antiterroriste. Mais en l’état des éléments transmis, cette dernière institution ne souhaitait pas se saisir de ces faits. En revanche, qu’adviendra-t-il de la jeune auteure ? « Le code de justice pénale des mineurs prévoit une présomption de non-discernement pour les moins de treize ans. Les capacités de lucidité de la mineure peuvent être établies, notamment par ses déclarations, par celles de son entourage familial et scolaire, par des pièces de l’enquête, et par une expertise médicale. Mais la dimension psychologique, voire psychiatrique, me paraît désormais dominante dans le passage à l’acte grave. La question de son discernement est également posée. Je suis à cette heure dans l’attente du résultat de l’examen psychiatrique, avant de décider de la suite judiciaire à donner. »

Infos + : Le professeur d’anglais lui avait reproché d’utiliser son téléphone de manière inappropriée en cours, la semaine précédente. « Mais l’élève lui avait fait un courrier d’excuses. Nous verrons si cet incident a pu générer chez cet élève un ressentiment. Mais très honnêtement, je ne suis pas certain que cela soit l’élément central de ce passage à l’acte. Dans cette affaire, nous avançons pas à pas. Nous devons bien comprendre pourquoi cet enfant en est venu à de tels gestes pour prendre une décision la plus pertinente possible. »  

 

 

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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