Pour un baptême du feu, ce fut un baptême du feu. Le préfet Philippe Gustin a eu à faire face à une nuit de violences (voir notre article). Devant la presse, ce soir, il est resté ferme. Il n’a pas voulu entrer dans la polémique avec la maire de Rennes Nathalie Appéré, qui dans les colonnes du journal Ouest-France demandait des explications sur le maintien de l’ordre . « Hier soir, lors de la manifestation non déclarée, il y a eu 18 vitrines brisées, 2 intrusions dans les magasins et 1 pillage dans une boutique. De tout cela, nous nous en doutions et nous nous y étions préparés. »
Mais le représentant de l’Etat a toutefois rejeté les accusations contre le manque de réactivité des forces de l’ordre. Devant « des gens sans foi ni loi », des « terroristes », il tient à rappeler fermement l’engagement des policiers et gendarmes mobiles. « Ils ont fait tout ce qu’ils peuvent pour protéger les bâtiments publics. Hier, les manifestants se sont dirigés vers l’hôtel de ville, le Parlement et la préfecture. Ils avaient envie d’attaquer ces bâtiments et nous avons évité cela. Mais aujourd’hui plutôt que de polémiquer, nous devons travailler ensemble pour terroriser ces terroristes et faire en sorte qu’ils ne recommencent pas ! »
À la maire de Rennes, je pourrais demander où était la police municipale hier soir, mais je ne le demande pas parce que ces polémiques sont complètement absurdes. » Philippe Gustin.
Lors de cette nuit, une trentaine de policiers, une soixantaine de gendarmes mobiles et une quarantaine de CRS étaient dans le cœur de ville. « Il y avait suffisamment de quoi faire face à trois cents jeunes », assure le préfet. « Hier, il n’y a aucune mansuétude. Aucune instruction n’a été donnée pour laisser faire. Mais si on prétend le contraire, c’est une accusation grave et j’en tirerais les conséquences. Dans la crise, je préfère garder mon calme. Je préfère travailler, organiser et c’est ce que nous faisons avec les forces de sécurité intérieure pour que nous puissions voir la fin de l’ultragauche qui gangrène cette ville depuis des années. »
Au passage, le préfet a égratigné la « connivence, voire le soutien » de Rennes 2. « Il y a une omerta terrible autour de cette université. Tout le monde sait, mais personne ne le dit. Dans cette faculté, il existe une ultragauche complètement fanatisée (…) et engagée dans des manifestations uniquement pour détruire ou casser. Quelques jours avant le rassemblement, nous avions fait des propositions au président de Rennes 2 qui les a refusées. Nos mesures auraient pu éviter une bonne partie des évènements, hier soir. »
Au passage, le préfet s’est aussi insurgé contre le manque de vidéosurveillance. « Elle n’est toujours pas à la hauteur de ce que l’on peut attendre. Ces outils pourraient nous aider à faire du maintien de l’ordre bien plus efficace. » En fin de conférence de presse, Philippe Gustin a eu une pensée pour les commerçants. « Nous avons déjà pris contact avec eux et nous aurons une réunion mardi prochain pour résoudre leurs problèmes d’assurance et garantir leur protection. » Une manifestation a lieu, ce soir, dans la capitale bretonne.
Infos + : « quand je suis arrivé, la première personne que j’ai voulu rencontrer, c’est le président de Rennes 2 », affirme Philippe Gustin. « Nous l’avons reçu avec ses collaborateurs. Aujourd’hui, je reste convaincu que l’on peut gérer un peu mieux ce qui se passe à l’intérieur de campus. » Mais à la question : existe-t-il une indulgence fautive de Rennes 2, le préfet a tenu à répondre. « Encore une fois, je ne juge personne, je ne suis ni procureur ni magistrat. Je dis simplement les choses que chacun doit envisager de faire. »
Infos ++ : « J’ai bientôt 50 ans de métier, mais je ne me permettrais jamais de juger la profession de policier qui demande une énorme technicité dans un lieu comme Rennes, qui est tout sauf facile à vivre. Le temps des polémiques n’est pas compatible avec celui de la crise parce qu’il conduit à dire n’importe quoi, à faire n’importe quoi, alors qu’i il faut garder son sang-froid. »