À l’été 2020, place des Lices et dans le quartier Saint-Michel, des individus, notamment des mineurs isolés, dérobent des téléphones portables. Tard le soir ou dans la nuit, ils commettent les vols par ruse, en réunion ou avec violences. Mais au lieu de conserver le fruit de leur rapine, ils les envoient en région parisienne, dans le département du Val-de-Marne (94).
Récupérés, reconditionnés, les mobiles sont acheminés en Algérie, par l’intermédiaire de simples voyageurs, de stewards d’une compagnie aérienne. Mais rien n’est possible sans la complicité d’un douanier algérien ou sans l’envoi de colis DHL (en cas de suppression des avions pendant la crise sanitaire).
Face à l’ampleur du traffic, le parquet de Rennes décide d’ouvrir une enquête. Après de sérieuses investigations, une détective de la sûreté départementale d’Ille-et-Vilaine met à jour la filière, agissant dans le Val-de-Marne (94) et dirigé par un homme domicilié à Ivry.
« L’individu recelait depuis plusieurs années des téléphones en très grande quantité », explique le procureur de la République, Philippe Astruc. « Âgé de 36 ans, inconnu des services judiciaires, il possédait un véhicule Maserati et bénéficiait d’attaches personnelles au Luxembourg. La perquisition de son logement amenait la découverte de 19 portables en cours de reconditionnement, de nombreux chargeurs, des câbles de connexion et des feuilles de comptes. »
Dans cette affaire, le juge d’instruction a ordonné le renvoi de 11 personnes, de 43 à 26 ans, devant le tribunal correctionnel de Rennes. Devant les magistrats comparaîtront du lundi 12 au mercredi 14 septembre 2022 les receleurs parisiens, tous inconnus de la justice, les voleurs rennais, les six stewards algériens aux casiers judiciaires vierges.
Les prévenus encourent une peine de 10 ans d’emprisonnement, outre 750 000 euros d’amende délictuelle, et des peines complémentaires comme l’interdiction à titre définitif du territoire français et la confiscation de leurs biens. Le vol en réunion est puni pour sa part de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
L’audience se tiendra à partir de 9 heures, ce lundi, devant le tribunal correctionnel, à la cité judiciaire de Rennes.