Elle ne décolère pas, Martine. Il y a quelques jours, elle rentrait de son travail vers Corps-Nuds. Faute de prendre le « rapide » de 18 h (le 173), annulé au dernier moment, elle emprunte le suivant, à 18 h 10. « Nous étions entassés, comme du bétail », se désole-t-elle. «Après une journée épuisante (elle est femme de ménage), tenir debout durant trente minutes à l’âge de 60 ans, c’est une honte, un scandale ! Les gens étaient presque assis sur les genoux du chauffeur… L’indifférence générale est accablante. »
Pourvu qu’il n’arrive rien », un employé de Keolis.
Bien plus grave, la passagère s’inquiète pour sa sécurité. « À l’intérieur du bus, nous avons tous peur d’un gros coup de frein et de nous retrouver les quatre fers en l’air ! On risque un grave accident. » Même son de cloche chez Paul, usager des transports publics suburbains. « Les chauffeurs doivent respecter les horaires. Ils appuient le champignon sur la rocade ou sur les routes. La vitesse excessive est un danger constant. Les cars roulent parfois à plus de 50 km/h. »
Interpellé par nos soins, Keolis n’a pas daigné nous répondre. Seul, Christian Demay, délégué syndical de la CGT Keolis, aborde le problème. « C’est un sujet hyper compliqué », assure-t-il. « Vous mettez le doigt sur un dossier sensible. Cette question de sêreté est notre plus grande crainte. Mais quelle est la solution pour emmener les gens au travail ? Combien faudrait-il de bus pour garantir uniquement des places assises ? »
En cas d’incident, que se passera-t-il ? « Celui qui sera incriminé sera le conducteur que ce soit à Rennes ou à l’extérieur de la rocade », assure-t-il. « Avec la suspension de la ligne B, nos bus sont encore plus bondés. Beaucoup de jeunes chauffeurs n’osent pas réprimander les usagers qui se mettent à l’avant. De peur des représailles de la direction et des passagers ! Il est toujours difficile de faire la loi dans nos véhicules.»
En dehors de Rennes, les bus ne doivent pas dépasser les 70 km/h.
Parfois, les conducteurs sont sur le fil. « À chaque coup de frein d’urgence, on se dit, pourvu qu’il ne se passe rien. Franchement, c’est compliqué. » Cette question reste prégnante, non seulement pour les chauffeurs mais également pour les services d’urgence, qui expriment en privé leurs inquiétudes. En « off », des pompiers s’interrogent sur la sécurité dans les bus suburbains. « On en parle à Rennes métropole, à Keolis », explique l’un d’eux, sous couvert de l’anonymat. Pour l’heure, le problème est en suspens. En juillet 2012, elle était déjà posée dans les colonnes d’Ouest France.
Infos + : Sur les lignes suburbaines, plusieurs opérateurs assurent les dessertes : Keolis, Keolis armor (53, 54, 60), Linevia, Ilévia…