Au nord de Rennes, la petite cité de Combourg est liée à jamais au plus illustre écrivain romantique français, François-René de Chateaubriand. Ici, l’auteur des Mémoires d’outre-tombe a puisé son inspiration littéraire. « L’ensemble du château, fièrement assis sur le rocher, — avec son étang et ses bois, l’église et les maisons de la ville qui l’entourent, la vallée qui s’ouvre devant lui et le vaste horizon de landes qui la termine, présente un caractère de grandeur mélancolique qui n’est point sans charmes », écrit-il.
Maison dite de la Lanterne
Dans les pas du grand romancier, promenons-nous dans cette commune si charmante et authentique. Aux pieds des murailles du château, le bourg fut dédié jadis aux commerces du tissage de la toile et du tannage du cuir. De ce riche passé, la maison dite « de la Lanterne » est l’un des vestiges. Cette propriété fut construite par Perrine Jonchée, dame de la chasse, issue d’une lignée d’armateur malouin. Jusqu’à la révolution, ses maîtres étaient tenus d’allumer des flambeaux dans le fanal de la façade afin d’éclairer la foire de l’Angevine et de sécuriser la place. Inscrite au titre des monuments historiques depuis le 6 mai 1966, le bâtiment était occupé par l’office de Tourisme. Il l’est aujourd’hui par un lieu d’exposition.
Non loin, le relais des Princes est une des dernières demeures à pan de bois, construites à Combourg, du XVIe siècle. Elle fut le relais de poste et le rendez-vous de chasse du marquis de Coulanges, cousin de madame de Sévigné. Tout aussi intéressante, la maison des templiers, dite « La Templerie » est maintenant aménagée en restaurant. À droite, un passage mène à la cour du Temple où l’on peut voir des éléments architecturaux. Un trésor y fut découvert en 1928, lors des travaux.
Un lac tranquille
En lieu et place d’un ancien édifice, l’église Notre-Dame de Combourg a été construite en deux temps. Elle a débuté en 1859 sur les plans de l’architecte Charles Langlois (la nef et la tour) puis sur ceux d’Arthur Regnault (1838-1932) pour le transept et l’abside. D’un style néogothique très classique, son clocher culmine à une hauteur de 50 mètres. Cachées dans un recoin, les reliques de saint -Gilduin, patron de pèlerins de Chartres et des émigrés bretons, sont encore vénérées.
En redescendant vers le lac, les visiteurs découvriront la statue de Chateaubriand, réalisé par Alphonse Terroir, grand prix de Rome. Lors de son inauguration, André-François Poncet, sous-secrétaire de l’économie nationale, eut ces bons mots ! « Cette statue attestera que Chateaubriand, doit à la Bretagne, ce qu’il y a en lui d’authentiquement breton ». Après un salut au poète, direction le « lac tranquille », selon la propre description de l’écrivain. « Sa formation serait liée à des circonstances légendaires à la suite d’une querelle entre Rivallon et une vieille femme, celle-ci pour se venger, fit déborder la fontaine Margatte. », explique une brochure touristique.
Denis et Eugène Bülher, (créateur du parc du Thabor) ont dessiné au 19e siècle le parc du château de Combourg. Ils se sont inspirés des descriptions que l’écrivain en a faites dans ses Mémoires d’outre-tombe.
Surplombant cet étang, le château de Combourg a vu grandir François-René de Chateaubriand, pape du « romantisme ». Il se visite dès le printemps venu et en impose par ses 4 tours massives à poivrière. Édifié au 11e siècle, puis remodelé, il a assuré la défense des frontières de la Bretagne face aux tentatives d’invasion des Anglais. Il a été ensuite racheté en 1734 par René-Auguste de Châteaubriand, père du célèbre écrivain. Dans la tour du Chat, la chambre du romantique fut propice à la contemplation !
Infos + : Dans les Mémoires d’outre-tombe, François-René de Chateaubriant dira : « … Les gens étaient persuadés qu’un certain comte de Combourg, à jambe de bois, mort depuis trois siècles, apparaissait à certaines époques, et qu’on l’avait rencontré dans le grand escalier de la tourelle ; sa jambe de bois se promenait aussi quelquefois seule avec un chat noir. ». (Livre 3, chapitre 3). Selon la légende, le Comte de Combourg, Malo-Auguste de Coëtquen, disposait d’une jambe de bois pour remplacer celle qu’il avait perdue à la bataille de Malpaquet en 1709. Mort au château, sa jambe de bois hanterait l’escalier accompagné d’un chat noir. Lors de la restauration de la forteresse de Combourg, le corps de l’animal a été retrouvé dans un escalier secret de la tour du Chat. Momifié au 14e siècle, il est aujourd’hui encore exposé sous vitrine, dans la chambre occupée par François-René lorsqu’il était enfant. Au Moyen Âge, on conjurait le mauvais sort en emmurant un chat noir dans les fondations des bâtiments.