Le confinement isole. Tout le monde le sait. Dans le monde universitaire, beaucoup d’étudiants sont restés dans les cités ou dans les campus. Rencontre avec Habib, jeune étudiant, seul et loin de sa famille qui habite à plus de 6 000 kilomètres, en Côte d’Ivoire.
Contraint de rester à Bruz
De sa fenêtre, Habib regarde le temps passer. Devant lui, pas âme qui vive. « C’est un peu surréaliste », explique-t-il. Arrivé pour étudier en France en 2014, Habib, 23 ans, a intégré l’Ensai, grande école spécialisée dans l’ingénierie statistique et de l’analyse de l’information, en septembre 2017. Depuis, il est installé sur le campus de Ker-Lann, situé à Bruz, d’où il devait partir à Paris en avril pour son stage de fin d’études.
Avec le confinement, tous ses plans ont changé. Le jeune Ivoirien a passé ses examens en ligne dans sa petite chambre et est depuis contraint de rester à Bruz. « Tous mes amis sont rentrés les uns après les autres chez leurs parents. A Ker-Lann, nous ne sommes guère nombreux. J’ai aperçu quelques étudiants étrangers, mais ils sont rares. »
Habib a bien pensé rentrer dans sa famille à Abidjan. Mais ses parents, exerçant dans le milieu médical, lui ont conseillé de rester en France en confinement. « Mes 3 frères et sœurs, tous étudiants loin de Côte d’Ivoire, ont pris la même décision que moi », ajoute-t-il. Fort heureusement, le jeune étudiant n’est pas entièrement seul. Il conserve un lien social avec ses amis et sa famille, grâce à Skype. « Mes parents s’inquiètent plus pour mon mental que pour ma santé. J’ai toujours eu une vie sociale bien remplie avec de nombreux amis ! «
Mais étonnamment, le jeune homme, habitué à vivre isolé des siens, accepte bien cette nouvelle séparation. « Je me suis toujours adapté à chaque nouvelle situation. » En cas de « mou », Habib pourra toujours appeler le dispositif d’écoute et de soutien de son école. Mais pour l’heure, il n’en a pas eu besoin. De sa fenêtre, il regarde les espaces verts de son campus et attend patiemment…