Devant la porte d’entrée des halles centrales (temple du bien manger rennais), rue de Nemours, un homme vêtu d’une veste orange bloque le passage. « Combien de personnes sont-elles sorties ? », demande-t-il à son collègue posté à une autre porte. « Quatre ? » répond l’autre. « Vous pouvez entrer », reprend le premier avec un grand sourire aux Rennais dans la file d’attente.
Le sourire de mise
Immédiatement, chacun vaque à ses occupations. L’un avec masque file vers l’étal de poissons où le vendeur est muni d’une visière. Le second sans masque choisit le marchand de légumes, Le Primeur des Halles. Derrière un périmètre de protection, il commande des fraises (gariguettes), des courgettes et des carottes à une jeune vendeuse souriante et avenante, sans vraiment attendre.
Chez un fromager, une pancarte convie la clientèle à ne pas se pencher outre-mesure vers les fromagers. Chez un autre, le sourire est de mise même pour du fromage râpé ! A la boucherie, les bouchers ont eux aussi le sourire derrière leur vitrine réfrigérée. Ils se démènent pour servir au plus vite trois clients visiblement pressés. « Notre chiffre d’affaires a beaucoup baissé », précise la propriétaire souriante d’une rôtisserie. « Heureusement, on arrive à travailler. »
Malgré un chiffre d’affaires en baisse
Chez un commerce, la propriétaire fait grise mine. « On ne sait pas comment l’on va faire pour notre stock. » Mais comme ses collègues, elle préfère garder le moral. « Les gens commencent à revenir. C’est bon signe », assure un autre marchand. Même si à cette heure-là, 10 heures du matin, ce n’est pas la cohue devant les échoppes. Beaucoup même en profitent pour saluer de loin une connaissance. « A bientôt pour un café », dit un monsieur à un de ses proches.
Ici où là, les mesures de protection sont très drastiques. Fabriquées avec les moyens du bord), elles imposent aux clients de respecter les règles de distanciation sociale nécessaires à la non propagation du virus. Devant chaque étal, les commerçants ont posé des cageots et des tabourets souvent reliés par des cordes. Ils permettent de garder ses distances. Mais qu’il est encore loin le temps où dans les Halles Centrales l’on pouvait embrasser à qui mieux-mieux son voisin, serrer les paluches de son marchand préféré et saluer le homard dans son vivier.