Il est seul devant la police, seul avec ses sacs en plastique, son parapluie. Il a fait ses courses aux galeries Lafayette.
Le crâne dégarni, il a peut-être fait Mai 68 quand il était plus jeune. Mais aujourd’hui, il tourne le dos aux manifestants. Il rentre tout simplement chez lui où il va sûrement embrasser sa femme. Il va bientôt passer au milieu des policiers, en disant tout simplement merci. Puis il va ouvrir son parapluie pour s’abriter de la pluie. Derrière la police, il regardera les manifestants en disant : quand est-ce que je vais être pénard pour faire mes courses ? Loin des préoccupations estudiantines, il ira se coucher en pestant contre sa retraite qui baisse, contre son pouvoir d’achat qui baisse, contre ses impôts qui augmentent. Mais il se dira peut-être en s’endormant : ils ont raison, ces petits cons ! Ou au contraire il se dira en fermant les yeux : j’en ai marre de ces petits cons ! Un Rennais comme un autre avec ses opinions. Un Rennais comme un autre avec ses divisions.
