Samedi après midi, le Breton Olivier était sur les Champs-Elysées au milieu des gilets jaunes. Il était aux premières loges des évènements. « J’ai vu des casseurs en fin de soirée », rapporte-t-il. « Mais en début d’après midi contrairement à ce qui a été dit ici où là, ils n’étaient pas tous d’extrême droite ou d’extrême gauche. Il y avait des gens comme vous et moi. Des pères de famille, des trentenaires, des quarantenaires et même des jeunes femmes tout simplement plus en colère que d’habitude. »
Olivier ne prône pas la violence. Il n’est pas de ceux qui utilisent les pavés pour exprimer une idée, un projet, un combat. « C’est inadmissible », convient-il. En revanche, il comprend la ras-le-bol, l’exaspération, la colère des gilets jaunes. « Trop de gens bossent pour gagner deux francs six sous. Trop de Français ont du mal à finir les fins de mois. L’augmentation des taxes diesel cache la misère d’une France déclassée, d’une France obligée de travailler dur et d’une France bannissant les privilèges et les salaires indécents. »
La France des fins de mois difficile !
« Ces gilets jaunes ne sont pas des fainéants, des sans dents, des beaufs, bien au contraire, » assure-t-il. « Ils ont simplement envie de gagner plus. Ils ont souhaitent ne pas être dans les bouchons le soir en rentrant de leur travail. Ils ne veulent pas d’un carburant prohibitif. Ils ont juste envie de se déplacer librement, de vivre décemment et de ne pas être méprisés. Ils aspirent comme beaucoup au bonheur en retrouvant leur pouvoir d’achat, de bonnes conditions de travail et du temps de repos. »
« Bien que bossant, les gilets jaunes ne peuvent plus mettre d’argent de côté », précise Olivier. « En cas d’imprévus, ils sont obligés d’emprunter à des potes, à la famille. Ils ne partent plus en vacances. Ils font attention aux factures d’eau, de chauffage, d’électricité. Ils ont l’impression de bosser pour rien. Ils en ont marre des chefs incompétents, des brimades, des pressions au travail, des rémunérations faibles.Ils ont une seule et unique revendication : vivre normalement. »
Alors que faire face à cette colère ? « Le gouvernement ne peut pas répondre uniquement par une loi de transition écologique. Les solutions sont peut-être ailleurs dans l’augmentation des salaires, dans la baisse des charges, dans la recherche d’un bien être au travail, dans le retour du pouvoir d’achat, dans une société plus juste démocratiquement et humaine où les privilèges sont uniquement la récompense de son travail bien fait et non liés à une appartenance politique, familiale. »