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jeudi 28 mars 2024
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CHAMPS ÉLYSÉES : UN BRETON LIVRE SON TÉMOIGNAGE

Qui étaient les casseurs ? Serge, Breton, était sur les Champs-Elysées samedi soir, lors de la manifestation des gilets jaunes. Il a vu les casseurs à l’oeuvre. Il répond à nos questions et livre son témoignage parmi d’autres. 


Lundi matin, le secrétaire d’Etat Laurent Nunez a pointé du doigt la responsabilité de l’ultra droite » dans les débordements de samedi à Paris. Cela colle-t-il avec ce que vous avez pu voir ?
Absolument pas ! Je me suis retrouvé sur les Champs-Elysées à la tombée de la nuit, venu en curieux alors que j’étais dans le quartier. A ce moment-là, il y avait quatre catégories de personnes : des gens comme moi, simples spectateurs, des gilets jaunes, de loin le groupe le plus nombreux et qui n’ont dans leur immense majorité pas pris part aux débordements, des jeunes venus de la banlieue pour casser et piller les magasins et, enfin, d’autres jeunes gens qui, eux, ne venaient pas de banlieue. Ceux-ci n’étaient manifestement pas du tout intéressés par les boutiques des Champs mais voulaient affronter les forces de l’ordre ou tout au moins se livrer à des dégradations. Ceux-là étaient en général bien équipés avec des masques de protections contre les gaz lacrymogènes. Ils étaient de toute évidence habitués à ce type de situation. Aucun ne portait de signe distinctif pouvant le rattacher à telle ou telle mouvance politique. En tout cas à ce moment-là.
Vous avez été témoin des violences ?
De très près ! J’ai assisté aux premières dégradations en descendant les Champs en direction des CRS. Des jeunes de banlieue tentaient de briser la vitrine d’un magasin de sport avec des pavés. Je crois qu’ils y sont parvenus car, plus tard, des ballons de foot ont été jetés en l’air. Plus bas, sur un mur des gens avaient tagué un A, j’imagine le symbole de l’anarchie. En revanche, aucun sigle, slogan ou autocollant évoquant l’extrême droite. Encore un peu plus bas, des jeunes gens, ceux qui étaient équipés pour en découdre, tentaient de dresser une barricade avec du matériel de chantier.

Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ? 

Les CRS sont remontés, précédés par un épais nuage de lacrymogène que le vent poussait vers les « manifestants » et soutenus par un canon à eau. Les casseurs ont reflué en courant. En passant devant la boutique Louis Vuitton, quelques personnes, pas les banlieusards, ont commencé à scander le nom de la marque. Tout le monde s’y est mis et les jeunes venus de banlieue ont compris le message. Ils ont commencé à tenter de briser la vitrine. Ils n’en ont pas eu le temps. Les CRS arrivaient vite. J’étais eu milieu ; j’ai compris alors qui étaient les casseurs. L’un de ceux qui avaient scandé Louis Vuitton au départ pour exciter les autres était sans doute le seul à afficher la couleur de ses idées politiques. Pantalon de treillis camouflé, blouson en cuir, casque de moto bleu sur la tête et, dans le dos, porté à la façon d’une cape, un drapeau rouge et noir frappé de la mention « Action antifasciste ».  En fait, j’étais au milieu de militants d’extrême gauche. Nous sommes remontés vers l’arc de triomphe par les petites rues situées autour des Champs. Là, il y avait des policiers en civil et un escadron de gendarmes mobiles qui se mettait en position.

Qu’avez-vous remarqué à cet instant ? 

Le militant, avec sa tenue de guerrier du dimanche, pour ne pas dire son déguisement, était accompagné de quelques autres personnes aux visages plus ou moins dissimulés, qui se tenaient là, tranquille, devant les flics. Un moment, je me suis demandé s’il ne s’agissait pas de policiers infiltrés dans la manifestation. En tout cas, ces individus, en dépit de leur look de casseurs, et alors que le quartier entier était la proie de violences, pouvaient discuter paisiblement à quelques mètres de gendarmes et de policiers ! 

Pour en savoir plus : 103 personnes ont été interpellées et 101 placées en garde à vue parmi lesquelles cinq mineurs. Selon nos informations, la majorité d’entre elles auraient plus des profils de suiveurs que d’extrémistes de droite ou de gauche. 

Jean-Christophe COLLET
Jean-Christophe COLLET
J-C Collet est journaliste et auteur (Lieux romantiques à Paris, Bretagne Chic, On dit qu'en Bretagne, Bretagne pas chère, Livre blanc sur le Nucléaire...).

1 commentaire

  1. Bonjour, après avoir lu l’article on pense qu’il y avait des policiers « déguisés » qui ont incité à la violence, la casse, le vol etc.. C’est plutôt grave de laisser entendre des choses pareilles, mais je suppose que c’était le but recherché ?

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