Non loin du boulevard de Verdun et du CHU, le square de la Touche est un jardin quelque peu oublié des Rennais. Il a récemment hébergé le festival I’m From. Mais depuis, plus rien ! Aujourd’hui, ce lieu refait surface malgré lui. Depuis quelques semaines, il accueille la misère du monde, sous des tentes de fortune. Il cache des familles entières venues de l’est de l’Europe et d’Afrique, sous les yeux médusés des riverains et des habitants.
À l’abri des regards, les migrants cohabitent tant bien que mal. Il y a quelques jours, certains vivaient encore dans un squat, le long du canal (voir notre article). D’autres arrivent directement de leurs pays d’origine, espérant trouver un destin meilleur en Europe. Sans l’aide d’associations caritatives telles qu’Utopia 56 et MRAP, leurs conditions de vie seraient assurément indécentes. Leurs souffrances seraient tout autre.
Malgré tout, des jeunes jouent au football. Insouciants et momentanément détachés de leur misère. Ils rêvent sans doute d’une carrière à la Camavinga. Malgré l’adversité, des familles préparent le repas du soir sur des réchauds. D’autres palabrent devant leurs abris de fortune. « Cette situation n’est pas tenable », affirme une Géorgienne, dans un anglais hésitant. « Nous ne savons pas ou plus quoi dire à nos enfants.. »
Devant elles, de nombreuses tentes sont fermées. Elles sont blotties les unes près des autres comme pour se protéger d’éventuels intrus. Ici et là, des vêtements sèchent. Ici et là, des poussettes témoignent de la présence de petits. Ici et là, enfin, des migrants escomptent l’aide des maraudes et des déjeuners chauds des Restos du Cœur. Toutefois, peu se plaignent de la saleté des sanitaires ou de la boue parfois omniprésente. En revanche, tous espèrent une régularisation. « Ils ont tous de bonnes raisons d’être ici », assure un membre d’une association.
Victimes de l’indifférence, les exilés de la Touche (180 personnes) attendent désespérément des solutions dignes d’hébergement. Leur sort dépend désormais de l’État, de la ville, des services administratifs qui se renvoient souvent la balle. Mais ce soir, des enfants dormiront sous des tentes dans la capitale bretonne. Il y a cinq ans, lors de l’été 2019, cette situation existait déjà, comme nous le dénoncions déjà dans un reportage.
Infos + : des migrants dorment aussi parc de Bréquigny.