Le Télégramme, Ouest-France, et maintenant nous… À Rennes, dans le quartier Sud-Gare, nombreux sont les habitants à fulminer contre le nouveau plan de circulation, élaboré par la municipalité en quatre ans. Ironie du sort : à l’heure où l’on prône l’écoute des citoyens et le mieux-vivre ensemble, ces règles rendent le quotidien des riverains et des visiteurs inextricable.
« J’ai failli devenir fou ! » témoigne un père de famille. « En voiture avec mes deux enfants, je ramenais deux de leurs amis domiciliés rue Monge après un match de foot. À force de tourner en rond, j’ai fini par prendre un sens interdit pour retrouver ma route. C’est kafkaïen et bien plus complexe que dans mon propre quartier, où les restrictions sont déjà légion. » Excédé, il a tranché : terminé le covoiturage ! « Nous avions mis en place ce système pour rendre service et éviter des trajets inutiles… mais ce n’est plus viable. »
Des détours absurdes
Mais il n’est pas le seul à dénoncer ces changements. Une habitante du quartier partage sa frustration. « C’est une catastrophe ! À cause du sens interdit en plein milieu du boulevard Jacques Cartier (où seuls vélos et bus sont autorisés), je dois passer soit par la rue Saint-Hélier (bondée), soit par le boulevard Émile Combes (tout aussi saturé). Impossible de rentrer directement chez moi. Résultat ? Beaucoup prennent des rues à contre sens… et on accumule des kilomètres inutiles et polluants. Nous ne sommes pas tous des bobos en vélo cargo ! »
Même colère chez Emmanuelle. « C’est une aberration ! » Pour elle et ses voisins de la rue Quineleu, rentrer chez soi vire au parcours absurde : trois kilomètres de détour imposés (voir l’itinéraire en photo d’illustration). « La mairie dira sûrement que je peux me garer plus loin et finir à pied… mais ce n’est pas une solution ! Cela illustre bien l’ineptie du système. » Enfin, un dernier témoignage résume le sentiment général. « Ils nous font payer leur politique du tout-vélo, en oubliant les besoins d’une catégorie de la population : les automobilistes. Il ne s’agit pas de refuser les modes doux, on a bien compris qu’il fallait privilégier la bicyclette… Mais comment faire quand on doit emmener sa grand-mère à l’hôpital ou quand il faut déposer son gamin au tennis à Chartres-de-Bretagne un dimanche matin ? La voiture est parfois nécessaire. » Face à ce tombereau de critiques, la municipalité assume son choix : ces nouvelles contraintes visent à dissuader le trafic de transit, sécuriser les quartiers et encourager les déplacements durables. Qu’on se le dise…
