À l’extrême ouest de la Bretagne (et de France), sur la pointe battue par les vents de Plouarzel, Franck Gicquiaud donne rendez-vous aux pieds du Cross Corsen, la vigie de la Manche. Là, entre ciel et mer, commence une promenade atypique, maritime, balayée par les embruns. Loin des circuits touristiques balisés, cette marche au clair du soir s’annonce comme une expérience à part entière. Jumelles en main, Franck Gicquiaud invite à la rêverie, à la manière de Jean-Jacques Rousseau. Devant lui, l’océan moutonne de plaisir. Le cadre est posé : l’invitation à ralentir est immédiate.
Mais cette balade ne se limite pas à la contemplation méditative, bien loin des poèmes lamartiniens. Elle est le fruit d’un cheminement personnel, d’une reconversion radicale. Ancien photographe de voile (Bateaux), Franck Gicquiaud a connu les lumières médiatiques, jusqu’à faire la une de Paris Match. Mais, un jour en mer, tout bascule. Il croise en plongée le regard d’un dauphin au large de son Finistère. « Je suis resté deux heures avec lui… On a fait un face-à-face. C’était fou, on était bien », raconte-t-il avec simplicité. De cette rencontre naît une évidence : quitter la photographie pour se métamorphoser en guide naturaliste. Depuis, il explore ce territoire entre terre et grand bleu, avec une attention toujours curieuse et nécessairement sensible.
Ce revirement n’est pas un repli personnel, mais un nouvel élan. Franck Gicquiaud est devenu un conteur exigeant et sans doute un brin écolo. Il donne à voir une biodiversité discrète, mais foisonnante. Il observe, il transmet, il raconte. Ses « sorties nature et phare » mêlent savoir naturaliste, mémoire maritime et narration confidentielle. « Le soir, on va voir les phares, on discute, on parle d’histoire, des gardiens, de la sécurité… Et puis la nuit tombe, et on voit les premiers éclats apparaître. Jusqu’à en avoir douze qui illuminent tout. »
Devant lui, le spectacle est à la fois simple et grandiose, où chacun serait invité gratuitement et librement. Mais ne vous y trompez pas ! Sa passion pour les sentinelles des mers ne tient pas à une vulgate romantique. Elle est précise, documentée, argumenté. Au fil des ans, il en a affiné les contours, les histoires, les techniques. Mais ce qu’il partage ne se résume pas seulement à un savoir : il est devenu le veilleur de Kermovan, entre respect de la nature, mémoire du littoral et transmission vivante. Comme les phares qu’il chérit, il éclaire sans bruit une Bretagne intime et précieuse…
Balade nocturne autour des phares de l’Iroise. Lieu de rendez-vous : Parking de la presqu’île de Kermorvan, Le Conquet. Heure de départ : 20 h 45 précise. Durée : environ 2 h. Plein tarif : 10 €. Enfant de moins de 12 ans : 6 €. Moins de 6 ans : Gratuit. Réservation obligatoire : 15 personnes maximum par sortie. Contact : Franck Gicquiaud — Iroise Sauvage. Téléphone : 06 99 41 39 25. Prévoir de bonnes chaussures, un coupe-vent et un bonnet. La balade se déroule en extérieur, sur des sentiers parfois exposés. Crédit photos : JCC et Sophie des abers