Le journal Libération s’en était emparé avec fracas. Dans un article intitulé « Près de Rennes, un conseiller municipal tabassé après avoir dénoncé des saluts nazis et des slogans racistes », le quotidien relayait sans réserve le témoignage d’Anton Burel, militant de la gauche indépendantiste bretonne. Celui-ci affirmait avoir été blessé, avec un ami, devant le bar Le Synchro, le samedi 22 février, par six individus. « Je suis tombé à la renverse et j’ai percuté le trottoir. J’ai perdu connaissance pendant plusieurs minutes », racontait le journaliste.
Rapidement, l’émoi s’est propagé sur les réseaux sociaux. De nombreuses figures politiques de gauche ont dénoncé une attaque de l’extrême droite. « Anton Burel a été victime d’une agression abjecte et d’une insoutenable violence. Les saluts nazis se multiplient dans l’espace public et l’inaction du gouvernement participe à leur banalisation et leur accélération. Nous lutterons sans relâche contre ces violences ! », avait réagi Marie Mesmeur, député rennaise. « Le salut nazi de Musk décomplexe l’extrême droite en France. Elle se sent pousser des ailes, » avait tweeté le député Arnaud Saint-Martin sur X.
Un rassemblement sous tension
Le samedi suivant, plusieurs organisations politiques et syndicales avaient appelé à un rassemblement dans le bourg de Cintré. Parmi elles, la Fédération anarchiste, les Jeunes révolutionnaires, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), l’Union démocratique bretonne (UDB), la CGT, Force ouvrière et la Confédération paysanne. « Il était important pour nous d’être présents aujourd’hui, contre la banalisation des discours d’extrême droite. Il faut que l’ensemble des citoyens et représentants puissent faire front commun », confiait dans Ouest-France Laurence Duffaud, première secrétaire fédérale du Parti socialiste (PS) en Ille-et-Vilaine. Mais dans les coulisses, certains restaient prudents. « Seul le conseiller municipal a rapporté ces déclarations et gestes racistes », commentait une source proche.
Ce lundi, coup de théâtre. «Les témoignages recueillis par les gendarmes ne permettent pas de confirmer de chants racistes et de saluts nazis», a indiqué Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué. «Les témoins évoquent une altercation avec des membres de la communauté des gens du voyage. Pour autant, la procédure n’est pas sur le point d’être close, car des violences ont bien eu lieu, sur lesquelles l’enquête se poursuit.» Ce jour, Anton Burel campe sur ses positions. Contacté par Ouest-France, il persiste et signe. « J’ai vu le salut nazi, j’ai entendu “La France aux Français”. Je suis peut-être le seul à l’avoir vu. »