Depuis plusieurs mois, la méningite connaît une recrudescence inquiétante en France. Plus de 600 infections ont été recensées depuis juillet dernier, entraînant une cinquantaine de décès dans tout le pays. À Rennes, six personnes ont été touchées par la même souche, dont l’une a été mortellement. « Trois des cas concernent des étudiants de Rennes School of Business », précise le ministre Yannick Neuder, en visite dans l’établissement breton, ce lundi 3 mars.
Une vaste campagne de vaccination
Devant cette situation, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder s’est rendu dans la capitale bretonne pour lancer officiellement une vaste campagne de vaccination des 15 à 24 ans. « Face à une épidémie, il n’y a pas de place pour l’attente. Notre priorité est d’empêcher de nouveaux cas et d’éviter des drames supplémentaires. La vaccination est notre meilleure arme », a-t-il déclaré aux nombreuses personnalités présentes lors de son déplacement.
Depuis ce lundi, cette vaste campagne est déployée en lien avec l’Agence régionale de santé Bretagne, le CHU de Rennes, Santé publique France et l’Institut Pasteur. « Lorsque nous avons plusieurs cas liés géographiquement ou à une même communauté, nous déclenchons immédiatement une réponse sanitaire coordonnée. Rennes en est un exemple concret », a souligné Yannick Neuder.
La vaccination s’effectuera en deux injections espacées d’un mois. Les premiers vaccins sont administrés dès le lundi 3 mars dans les locaux de la Rennes School of Business. À partir du jeudi 6 mars, ils seront disponibles auprès des professionnels de santé libéraux, ainsi que dans des centres de proximité des universités et lycées. « Des équipes mobiles interviendront dans les établissements scolaires pour toucher le plus grand nombre de jeunes », tient à préciser le recteur, Emmanuel Ethis.
les jeunes sont parfois réticents à la vaccination. Mais il ne faut pas attendre de tomber malade pour agir. Chacun a un rôle à jouer pour éviter que l’affection ne se propage. » LE MINISTRE
Sur le campus de Rennes Business school (principal concerné), la campagne suscite dès à présent à la fois des craintes et une forte mobilisation. Mathias, étudiant, a choisi de se faire vacciner dès le premier jour. « Quand j’ai appris qu’il y avait des cas dans l’école, j’ai pris rendez-vous immédiatement. C’est une maladie grave, je préfère me protéger et protéger mes proches », confie-t-il. Étudiant en première année, Brieuc se félicite lui de la réactivité des autorités sanitaires. « Il y avait quelques inquiétudes, mais l’organisation est fluide et efficace. J’ai entendu ce matin que le port du masque n’était pas forcément utile contre la transmission de la bactérie, alors, autant se faire vacciner dès que possible », explique-t-il.

Pour rappel, la méningite à méningocoque est causée par plusieurs souches bactériennes. En France, les infections sont principalement dues aux sérogroupes B, C, W et Y. La vaccination contre les souches A, C, W et Y est intégrée au calendrier vaccinal et administrée méthodiquement aux nourrissons dès l’âge de cinq mois. Depuis janvier 2025, un rattrapage vaccinal est également proposé aux jeunes de 11 à 24 ans pour renforcer l’immunité collective.
En revanche, la vaccination contre le méningocoque B ne fait pas partie du programme systématique. Elle est recommandée pour les tout-petits à partir de deux mois, mais son administration aux adolescents et jeunes adultes est généralement réservée aux situations d’urgence, comme celle rencontrée à Rennes. « La vaccination contre le méningocoque B protège uniquement les personnes vaccinées », indique Le Dr Bertrand Gagnière, médecin épidémiologiste à Santé publique France. « Concrètement, ceux qui ne le seront pas resteront vulnérables. Car contrairement au vaccin contre les souches ACWY, le vaccin ne réduira pas la transmission de la bactérie dans la population ! D’où l’importance d’une large adhésion à cette campagne. »
D’après les autorités, près de 100 000 jeunes sont concernés à Rennes et dans sa métropole. « L’objectif est d’atteindre un taux de vaccination suffisant pour stopper la circulation du méningocoque B et éviter de nouvelles infections. Nous avons mis en place des solutions accessibles, proches de leur lieu d’étude et de vie. Maintenant, c’est aux jeunes de jouer. Plus nous serons nombreux à nous protéger, plus vite nous limiterons la propagation », a-t-il affirmé.
Nous ne voulons plus voir des familles brisées par cette maladie. Cette campagne est une priorité nationale », a déclaré LE MINISTRE.
Alors que les premiers rendez-vous ont été pris en quelques heures à peine à Rennes Business school, les professionnels de santé se préparent à une importante affluence dans les semaines à venir. L’Agence régionale de santé Bretagne prévoit même une montée en puissance progressive du dispositif, avec un suivi épidémiologique renforcé pour évaluer l’impact de cette campagne sur la propagation de la bactérie. « L’État sera au rendez-vous, nous ne voulons plus de morts. Tout sera fait pour assurer la protection des jeunes et leur offrir un accès simple et rapide à la vaccination », a-t-il conclu.