Depuis la remise à l’eau du maxi-trimaran en mai dernier, les membres du Gitana Team comme son skipper Charles Caudrelier, ont exploité la moindre opportunité du calendrier pour développer et fiabiliser encore le Maxi Edmond de Rothschild, avant la Route du Rhum Destination Guadeloupe. Charles Caudrelier a ainsi validé son parcours de qualification pour la mythique transatlantique et poursuit ses entraînement en configuration solitaire.
Vous disputez la Route du Rhum. Est-ce une fierté pour vous ?
Plus qu’une fierté, c’est un vrai rêve de gamin qui devient réalité. Beaucoup de mes concurrents ont senti grandir leur vocation avec les marins héros du Vendée Globe, moi c’est sur la Route du Rhum. Je voulais être Laurent Bourgnon ! Son parcours et son talent incroyable m’ont fasciné et ont créé un véritable déclic chez moi.
Porter les couleurs de Gitana, est-ce une délicate responsabilité ?
Bien sûr ! Être skipper Gitana c’est un peu comme être un pilote Ferrari. Au-delà de la compétition et du sport, nous revêtons les couleurs d’une famille dont les bateaux sont légendaires depuis plus de 145 ans ; une famille passionnée et engagée dont l’audace fait bouger les choses et permet de voir naître des bateaux tels que le Maxi Edmond de Rothschild! C’est donc une responsabilité, mais surtout un honneur et une chance que je mesure chaque jour. D’autant que la barre est haute. Gitana a déjà inscrit son nom au palmarès de la Route du Rhum en 2006 avec Lionel Lemonchois et Gitana 11 à l’issue d’une course totalement dingue et maîtrisée de main de maître par Lionel.
Vous venez de valider votre parcours de qualification pour la Route du Rhum. Comment sentez-vous votre bateau ?
Cela fait plus de trois ans désormais que je navigue sur le Maxi Edmond de Rothschild. Avec Franck Cammas, avec qui je partageai la barre du navire jusqu’à cette année, nous avons eu beaucoup de réussite en remportant l’ensemble des compétitions auxquelles nous nous sommes présen- tés. Gitana 17 n’a jamais cessé d’évoluer pour le rendre toujours plus performant, mais je me sens totalement en phase avec ce bateau pour qui j’ai tout de suite eu un vrai coup de foudre. Le Maxi Edmond de Rothschild est un trimaran révolutionnaire — c’est le premier à avoir volé au large — et il est incroyable.
Quels sont les derniers réglages que vous avez apportés à votre bateau ?
Plus que des derniers réglages, l’équipe technique a fourni un très gros effort ces précédentes semaines, car nous avons remplacé une grande majorité de nos appendices. Pour la Route du Rhum nous avons en effet une nouvelle dérive et surtout deux nouveaux foils qui sont le résultat de plus de deux ans de travail entre les études et la fabrication. Nous en attendons beaucoup.
Votre bateau a battu Banque populaire, lors de la Finistère Atlantique. Est-ce de bon augure ?
Chaque course est différente. La Finistère Atlantique que nous avons disputée et effectivement remportée en juillet à Concarneau était une course en équipage. Ce sont des compétitions très intéressantes pour savoir techniquement où nous en sommes par rapport à la concurrence et de ce point de vue le Maxi Edmond de Rothschild n’a pas à rougir. Mis à l’eau en 2017, il n’est pas le dernier de la Classe Ultim, mais il avait un tel coup d’avance que ce bateau reste la référence. Gagner cette course est for- cément positif. Mais le 6 novembre, l’exercice sera tout autre et nous savons que sur ces grandes transatlantiques en solitaire c’est bien le marin qui fait la différence et un peu moins la machine.
Quel est votre objectif pour cette épreuve mythique ?
Gagner ! Cette course est mon ambition majeure depuis mon arrivée chez Gitana en 2019 et nous avons pré- paré l’échéance de la Route du Rhum dans les moindres détails. Techniquement bien sûr avec toute l’équipe qui m’accompagne au quotidien à Lorient et qui fait un travail remarquable, mais aussi physiquement ou encore menta- lement. J’ai toutes les cartes en main pour être présent le 6 novembre prochain.
Après le Rhum, quels seront les challenges à venir de Gitana ?
Si tout se passe bien, le «team» convoiera rapidement le Maxi Edmond de Rothschild de Pointe-à-Pitre à notre base technique lorientaise afin que le bateau subisse un rapide chantier de vérification. L’objectif est de tout mettre en œuvre pour que, avant Noël, nous puissions nous attaquer au record du Trophée Jules Verne (record absolu de vitesse du tour de monde à la voile). C’est un chrono en équipage — nous serons six à bord de Gitana 17 — et l’ambition est de passer sous la barre des 40 jours. Puis l’année suivante, fin 2023 un très gros challenge sportif et personnel m’attend avec le premier tour du monde en course des Ultims.
Crédit photo : Yann Riou / PolaRYSE / Gitana