La ville de Rennes fait face à une recrudescence de violences, marquée par des règlements de compte et des fusillades sans précédent. Devant cette montée de l’insécurité, Nathalie Appéré, maire de Rennes, reste vent debout contre l’armement de sa police municipale. Elle reste dans la droite ligne de la position déjà exprimée en 2016, par Hubert Chardonnet, son ex-adjoint, chargé de la sécurité, dans nos colonnes.
À cette époque, l’élue laissait toutefois une porte ouverte. « Si la situation devait évoluer, nous pourrions débattre à nouveau avec les uns les autres de ces questions. Mais ce moment n’est pas venu », expliquait-elle. Récemment, elle a reçu le soutien de Stéphane Morandeau, représentant de SUD Collectivités territoriales. « Nous sommes fermement opposés à tout armement des agents municipaux. Nous défendons la pérennisation de leurs fonctions initiales, fondées sur la proximité et le service à la population. »
Une question de doctrine
Ce soutien s’est élargi hier, avec la publication d’une tribune collective signée par des associations et personnalités de gauche, dont Attac, le Parti de Gauche, et la députée insoumise Marie Mesmeur. Les signataires y expriment leur attachement à une police municipale de proximité et la tranquillité publique. « Nous condamnons l’extension de leurs missions vers des interventions de maintien de l’ordre qui exposeraient les agents à des risques pour leur sécurité. »
De l’autre côté de l’échiquier politique, les voix en faveur de l’armement de la police municipale se font toujours entendre. « Nous saluons la décision du maire de Bordeaux d’armer sa police municipale et demandons à Nathalie Appéré d’en faire autant à Rennes », affirme Thomas Rousseau, porte-parole de Rennes à droite. « Face à l’ampleur du narcotrafic et aux violences croissantes, la maire et son équipe doivent sortir du déni et assumer leurs responsabilités. »
Dans cette même veine, Jérôme Jourdan, représentant de Force ouvrière, Jérôme Jourdan avait manifesté, avec ses camarades, devant l’Hôtel de Rennes métropole pour réclamer des armes contre les agressions. Immédiatement, il avait reçu le soutien des élus d’opposition municipale, dont Carole Gandon et Charles Compagnon, qui appellent aujourd’hui à autoriser et à former les agents au port d’armes létales pour leur protection.
À défaut, ces représentants de l’opposition demandent le renforcement des effectifs, l’installation de nouveaux dispositifs de vidéoprotection, une coordination accrue avec la police nationale et la création d’une brigade de nuit. La question de l’armement reste donc et encore un sujet de clivage dans le paysage politique rennais. La maire cédera-t-elle à la pression croissante pour rassurer davantage les agents et la ville ? De la réponse de l’élue, la paix civile de la capitale bretonne, droit fondamental de nos sociétés, en dépend peut-être.