Rue Hoche, dans le centre ville, l’école régionale des Beaux-Arts de Rennes est un endroit magique, insolite, hors du temps. Elle abrite un joli cloître, des ateliers d’artistes, des vieilles salles. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’elle cache une plaque en mémoire de ses combattants morts pour la Patrie en 1914-1918, ornementée de mosaïques de l’entreprise Odorico (excusez du peu !).
De ces jeunes garçons, on ne sait pas grand-chose. On connait juste leur prénom de l’ancien temps. Il y a Joseph, Charles, Léon, Constant, Edmond, Prosper. Parmi eux, on trouve un certain Ange Dieulesaint (ce qui ne s’invente pas !). En revanche, impossible de savoir comment il est mort et quel art exerçait. En revanche, il fut peut-être un compagnon de tranchées d’un professeur connu de son établissement : Camille Godet.
En 1914, l’enseignant s’engage jusqu’à la fin du conflit au service d’État-major où il effectue des corrections de cartes et de plans. Il en profite pour réaliser des croquis de guerre et rencontrer un autre peintre breton, Mathurin Méheut. De retour à Rennes, à la fin de la guerre, il reprend son poste à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes puis participe à la réalisation du mémorial de l’hôtel de ville de Rennes. Dans le vestibule de l’ancien présidial, il réalise une longue frise de 26 mètres de long sur 1,60 mètre de haut figurant les soldats français et alliés.
Bonjour,
Il se trouve que Ange Dieulesaint fut le premier mari de ma grand-mère paternelle. Originaire d’Ille et Vilaine, après son mariage, il a installé son cabinet d’architecte à Guingamp (22). Il n’aura pas de descendance. Il meurt dès les premiers mois de la guerre en 1914, dans une ambulance suite à une attaque chimique qui lui a dévasté les poumons (il commandait une escouade de soldats du feu). Son nom figure également sur les monuments aux morts de Guingamp et de la Roche-Derrien (tout près d’ailleurs du nom du second mari de ma grand-mère, mort en 1918).
Ange a participé à la création des bâtiments de l’Hôtel Dieu à Rennes, et construit deux maisons bourgeoises à Guingamp (Ker Tonkinoise et Ker Huel, son propre domicile). Indirectement je dirais aussi que je lui dois aussi la vie, car ma grand-mère ayant décidé de vendre sa maison après ses deux veuvages, il s’est avéré que la demeure a beaucoup plu à mon futur grand-père qui dans la foulée a acheté la maison …. puis épousé la jolie veuve l’année suivante. Qu’en aurait été si la maison avait eu moins de charme?