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mardi 8 octobre 2024
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MORT DE JÉRÔME ARMBRUSTER : SIX ANS DE PRISON POUR LE JEUNE CHAUFFARD

Dans les travées de la salle du tribunal correctionnel de Rennes, ce 11 mars 2024, une bouteille d’eau « Cristalline » est posée négligemment au sol. Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2024, c’est dans un même réceptacle que Kelvyn Verdier avait bu de la vodka, avant de tuer Jérôme Armbruster, PDG du groupe HelloWork, sur la route de Lorient. Vêtu d’un pull gris, la coiffure soignée, le jeune homme comparaissait ce jour avec ses deux passagers, Mathéo L. et Alexandre R., âgés d’une vingtaine d’années. 

Devant les juges, la contrition est à peine visible chez les prévenus. « Je suis sincèrement désolé », assure le chauffard, Kelvyn. « Je m’excuse auprès de la famille », affirme Mathéo L. Mais dans le box des accusés, aucun sanglot, ni remords. Avocat du conducteur, Pierre Rodius est obligé de revenir lors de sa plaidoirie sur les « regrets » de son client. « Il est profondément dévasté », convient-il. « Il a une prise de conscience totale des faits. Il a reconnu sa responsabilité devant les gendarmes, son père et ses proches. » 

Aucune indemnisation

Assurément, son attitude tranche avec la dignité de la famille, de la femme du chef d’entreprise et de ses deux enfants (qui ne demandent aucune indemnisation). « Leur retenue ne veut pas dire qu’ils ne souffrent pas », tient toutefois à rappeler Olivier Pacheu, défenseur des proches de Jérôme Armbruster. Mais de réponses, les victimes n’en ont pas  ! Elles ont seulement quelques certitudes. Leur père, leur époux, et leur fils, Jérôme Armbruster est décédé des suites de ses blessures, à minuit vingt, sur la chaussée.Il a été fauché et projeté à plus de 70 mètres du lieu de l’accident. 

Face aux trois prévenus, Olivier Pacheu rappelle la visite du commandant de gendarmerie et du maire de Vézin-le-Coquet pour annoncer l’effroyable nouvelle. « Sa fille, Anna, a fêté ses 20 ans, trois semaines après la mort de son papa », insiste l’homme de loi. « Son cadet, Paul, âgé de 16 ans, perd un guide dans sa vie tandis que son épouse, son plus fidèle soutien. » Même sentiment de dévastation chez les salariés du groupe HelloWork, défendu par William Pinault. « Jérôme était brillant, lumineux, solaire, bienveillant et un grand chef d’entreprise. Son quotidien était de révéler ce que les autres avaient de meilleur. » 

Comme beaucoup, William Pinault s’interroge aujourd’hui sur le comportement de ces sombres pieds nickelés de la route. Comme beaucoup, il se demande comment en 2024, ce genre d’accident peut encore avoir lieu. Mais il en est certain. « Ce n’est pas le fruit du hasard et la fatalité », assure-t-il. « La consommation d’alcool et de cannabis, c’est le choix d’un homme. La vitesse excessive, sans permis, c’est aussi de sa responsabilité. » Loin d’être indulgent, il enfonce le clou et regrette la fuite des trois comparses, à travers champs. « J’aurais tant aimé un réflexe d’humanité », dit en substance l’avocat. « Vous avez voulu sauver votre peau à défaut de secourir monsieur Armbruster. » 

«Je ne me souviens pas avoir dit : on se casse ! », assure l’un d’eux 

Devant un tel tableau, les jeunes hommes tentent de minimiser leur responsabilité sous les questions de la présidente, Agnès Al-Takarli. « Je roulais à 80 km/h et non à 140 km/h. Avant l’accident, je venais de regarder mon compteur », explique Kelvyn. « Je ne crois pas avoir bu dans la voiture », ajoute-t-il. Devant lui, ses deux comparses sont dans la même veine. « Je n’ai pas évalué le danger », précise Alexandre R. Mais c’est assurément sur leur fuite où les trois prévenus sont les moins convaincants. « J’étais choqué, je ne voulais pas admettre que j’avais occasionné un tel accident », convient Kelvyn. « Au moment du choc, on était loin d’imaginer la mort du cycliste. Nous ne sommes pas partis comme des lâches », confie Mathéo L. « J’ai pris conscience de la gravité dans le champ. Mais, sur le moment, je ne pouvais pas accepter qu’il était décédé », ajoute Alexandre R. 

En prenant la parole, le représentant du ministère public, Vincent Varlet, est revenu longuement sur ces « dramatiques » faits. « Le prévenu cochait toutes les cases pour commettre un homicide routier. » Au cours de ses réquisitions, il a pointé du doigt la « conduite sans permis », la « volonté d’alcoolisation » de Kelvyn, le « rallye mortifère », les feux rouges « grillés » et l’absence de secours à la victime. « Ce n’est pas un simple homicide involontaire. C’est un cocktail explosif d’une extrême gravité, bien loin de l’inattention, de l’imprudence. »  

Dans ce « mauvais film », la tâche était rude pour le défenseur de Kelvyn, Pierre Rodius. Le jeune avocat a tout fait pour réduire sa responsabilité. Non, son client n’était pas « complètement bourré ». Non, il ne roulait pas « à 140 km/h ». Et, non, il n’est peut-être pas passé au rouge. Puis il s’est interrogé sur le délit de fuite. « Kelvyn était dans un état de stupéfaction et de sidération. Chacun est parti sans dire un mot du lieu de l’accident.  Kelvyn Verdier a été condamné à 6 ans d’emprisonnement (le procureur avait demandé 8 ans). Il a été maintenu en détention et son permis a été annulé pour une durée de huit ans. Ses deux comparses ont écopé de douze mois d’emprisonnement avec sursis. Ils sont sortis libres du tribunal. Mais ils ne devront pas commettre de méfaits durant une période de cinq ans. Les trois prévenus ont dix jours pour faire appel. 

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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