Les amateurs de littérature aiment rappeler que Céline, Kundera, Féval, Chateaubriand, Merle ont vécu à Rennes. Mais très peu pensent à Michel Mohrt, lauréat de la Faculté de Droit à Rennes en 1934. Il est tout simplement oublié. Comme mort dans la mémoire rennaise ! Il faut dire que le bonhomme écrivait au Figaro, milita à l’Action Française, fut diplômé de l’Ecole militaire de l’Infanterie de Saint-Maixent et fréquentait les bancs de l’Académie française. Pas de quoi le rendre très sexy aux yeux de notre intelligentsia rennaise ! Et pourtant l’écrivain valait son pesant d’or. Il racontait des histoires de marins. Il contait la Bretagne. A tel point qu’il glanât le Grand Prix de Littérature de l’Académie pour l’ensemble de son oeuvre et le Grand Prix du Roman de l’Académie pour Prison Maritime en 1962. C’est vous dire la qualité du monsieur…Mais à Rennes, comme en France, on a oublié de lui rendre hommage. On a oublié d’évoquer son histoire, ses quarante ouvrages, sa verve littéraire. On oublie qu’il fut élu à l’Académie française en 1985. « Il occupa alors le fauteuil 33, sur lequel siégea Voltaire. Un des rares honneurs pour cette homme dont la vie avait forgé un tempérament remarquable : un composé «de retenue anglo-saxonne et d’ardeur italienne, » rappelait le Magazine Littéraire à sa mort, le 18 août 2011. Au plus vite, il faut relire Tombeau de la Rouërie (Gallimard), où Mohrt décrit Rennes dans quelques pages. De beaux passages écrits par un écrivain apprécié par Erik Orsenna et qui fut grand spécialiste de Kerouac et Faulkner. De quoi le rendre finalement sympa !