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samedi 14 septembre 2024
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LORSQUE TOUS TRAHIRONT

Si le roman d’espionnage est un genre à part entière, sans doute était-il le dernier à ne pas avoir son prix littéraire. C’est chose faite depuis peu avec la création d’un prix du roman d’espionnage, associant deux éditeurs et l’Amicale des anciens des services spéciaux de la Défense nationale (AASSDN), fondée en 1953 par le colonel Paillole, chef du contre-espionnage français pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Intitulé Lorsque tous trahiront, le livre primé pour cette première année et dont le titre a été révélé le 11 octobre dernier est un thriller historique qui a pour cadre (très original !) le petit monde des Français collabos réfugiés en Allemagne, après la libération du territoire français.

Le récit commence avec la mort de l’un de ces irréductibles, Jacques Doriot, le 22 février 1945, sur une route de campagne dans l’Ouest de l’Allemagne. Le chef du Parti populaire français (et ex-n° 2 du Parti communiste)  se rendait à une rencontre avec Marcel Déat, autre figure de la collaboration, pour le convaincre de rallier son Comité de la libération nationale destiné à regrouper tous les collaborationnistes réfugiés sur l’autre rive du Rhin.

Alors que le fleuve faisait encore obstacle aux troupes alliées, les partisans français du régime nazi conservaient (ou faisaient mine de conserver) le fol espoir que la situation militaire pourrait se retourner, leur  permettant de revenir à Paris dans les fourgons des troupes allemandes pour y régler leur compte avec les gaullistes et les communistes. 

Doriot ne peut être un des personnages de ce roman, mais son ombre n’en plane pas moins sur l’ensemble de celui-ci. Les adjoints du chef du PPF, le Breton Jean Le Can, le Corse Simon Sabiani, le dessinateur Ralph Soupault et quelques autres sont en revanche mis en scène tandis que les écrivains Rebatet et Céline font des apparitions furtives. Le personnage principal de ce livre est un officier de la Légion des volontaires français (LVF) blessé sur le front de l’Est, amer, sans illusions, mais qui, suite à un concours de circonstances, va enquêter sur la mort de Doriot et se mettre en tête d’en châtier les responsables.

La trahison (patriotique, pour commencer, puisqu’on évolue chez les ultras de la collaboration !) est le thème central de ce livre. Alors que l’Allemagne s’effondre, beaucoup, Français et Allemands, louvoient pour tenter de sauver leur peau et rallier le camp des vainqueurs. Certains communiquent des informations par radio aux Américains, alors qu’ils sont censés travailler pour les Allemands, des officiers du service de renseignement des SS rencontrent des militaires français en Suisse pour faire libérer la nièce du général de Gaulle, détenue dans un camp de concentration… Bref, c’est l’heure des retournements de veste.

Le personnage principal va le découvrir à ses dépens, d’abord dans l’atmosphère oppressante de Mainau, petite île sur le lac de Constance, siège de l’état-major du PPF, puis sur les routes de la débâcle allemande, jusqu’aux montagnes du Tyrol.  Premier roman, ce livre est une incontestable réussite. Écrit à la première personne et au présent, il l’est dans un style d’une sécheresse qui colle parfaitement à la personnalité du narrateur :  « On a pendu des déserteurs à la fin de la guerre et laissé leurs cadavres se balancer sur les places des villes allemandes. Moi, je n’ai rien à redire à cela. Certains ont prétendu que c’était inutile, puisque la guerre était perdue, monstrueux, que ce sont là des méthodes bolcheviques. Moi, je pense que ceux qui combattent ont tous les droits. » 

Autre attrait, Lorsque tous trahiront offre au lecteur une reconstitution d’un réalisme saisissant de l’Allemagne de 1945 (les pénuries de tout, les raids aériens, le fanatisme des uns et l’opportunisme des autres…) sans que l’érudition historique ne prenne jamais le pas sur l’intrigue ou ne ralentisse le rythme de ce roman. Son auteur a annoncé que son livre aurait une suite dans laquelle il sera question de la recherche des criminels de guerre nazis et de la manière dont certains de ceux-ci, confrontation avec les Soviétiques aidant, bénéficieront d’une grande indulgence de la part de certains services, y compris français. Thème finalement pas inactuel, à l’heure où le parlement d’une grande démocratie occidentale fait une standing ovation à un ancien Waffen-SS ! Lorsque tous trahiront, coédition La Manufacture de livres et Konfident, 204 pages, 16,90 euros. 

Le Prix du roman d’espionnage — Amicale des anciens des services spéciaux a pour ambition de contribuer au renouveau d’un genre littéraire qui a eu son heure de gloire au moment de la Guerre froide et revient aujourd’hui en force sans que n’aient encore émergé les dignes successeurs des John Le Carré et autres Vladimir Volkoff. Le livre édité a été choisi parmi quatre manuscrits anonymes transmis aux onze membres d’un jury présidé par Alain Juillet, président de l’AASSDN, et comportant notamment des anciens des « services » comme François Mermet, ex-directeur de la DGSE, ou Ange Mancini, ancien coordinateur national du Renseignement.

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