Ce 5 décembre 2023, le conseil municipal devait revenir sur la panne qui touche actuellement la ligne du métro B depuis le 18 novembre. Il devait impérativement s’exprimer sur les effets de ce funeste feu dans un poste électrique aux ateliers de la Maltière, à Saint-Jacques-de-la-Lande. La raison en était simple. Les usagers attendaient un peu de compassion et de compréhension.
La première à intervenir est Carole Gandon, porte-parole de Révéler Rennes (proche d’Emmanuel Macron). « La bonne nouvelle des bus de substitution aura été de courte durée », explique-t-elle. « Dès la première matinée, les retards se sont accumulés. Cette réalité quotidienne a exposé les Rennais à un niveau de stress accru, en raison de l’incertitude des horaires et à la saturation des dessertes. » Au-delà des utilisateurs, cette affluence inattendue a placé une « pression considérable » sur les chauffeurs. « Ils sont aujourd’hui confrontés à des véhicules surchargés. Ils sont épuisés et à bout de nerfs. La gravité de la situation s’est manifestée de manière alarmante le lundi 27 novembre, où pas moins de 77 conducteurs, sur un effectif total de 600, étaient en arrêt maladie. C’est un chiffre nettement supérieur à la moyenne habituelle. »
Face à l’ampleur du phénomène depuis près de 2 semaines, Carole Gandon demande à la maire de réagir. « Vous ne pouvez pas rester indifférente. Les efforts déployés pour atténuer les désagréments sont largement insuffisants. » Pour preuve, l’indisponibilité du métro inciterait les habitants à utiliser la voiture pour leurs déplacements. « Elle amplifierait ainsi les problèmes de circulation déjà très prégnants sur les grands axes et la rocade. Cette situation intenable entrave désormais la mobilité des résidents et décourage les visiteurs potentiels. Pour les commerçants du centre-ville, impactés par les contraintes liées à la baisse du stationnement et à la piétonnisation, cette congestion automobile constitue un défi supplémentaire en cette période de fêtes. » Et de s’interroger : « quelles réponses immédiates comptez-vous apporter à ces Rennaises et Rennais qui expriment leur épuisement et leur mécontentement face aux retards et à l’organisation de ces bus de substitution ? »
Même préoccupation de la part de Loïck Le Brun, conseiller de l’opposition du groupe Libres d’Agir et usager de la ligne C2 bondée. « Nous devrions au conseil municipal être informés et connaître les raisons de cet incendie. Est-ce une simple défaillance matérielle ? Est-ce un défaut d’entretien ? Est-ce une erreur de conception ou de conduite du chantier ? Nous attendons les conclusions de l’audit ou de l’expertise. » Comme Carole Gandon, l’élu centre-droit a tenu à interroger l’adjointe déléguée aux mobilités, Valérie Faucheux, sur la situation. « Pourquoi ces dysfonctionnements perdurent-ils ? Qu’est-ce que vous avez engagé avec votre collègue Matthieu Theurier pour réduire les désagréments de cet incendie ? Quelles sont les mesures commerciales que vous, les “Plik et Plok” du déplacement urbain, comptez mettre en œuvre pour minimiser, à défaut de vous excuser, de nombreuses contraintes que rencontrent les usagers et les commerçants ? »
« S’il est plus facile de prédire et de prévenir les effets du réchauffement climatique, il était évidemment impossible de prévoir le sinistre de la Maltière le 18 novembre dernier », répond Valérie Faucheux. « Je n’ai pas les compétences, ni Mathieu Theurier (et d’ailleurs aucun d’entre nous) pour connaître le motif de la panne. Les ingénieurs, les techniciens sont en train de chercher les raisons. Il y a déjà des premiers éléments, qui doivent être confirmés au plus vite . Aujourd’hui, nous sommes dans une ligne encore en “rodage.” Nous savions bien que les deux premières années allaient donner lieu à un certain nombre de réglages. Hélas, le réglage est un peu plus important que ce que l’on avait estimé ! »
Notre ligne de métro a eu un énorme succès après son lancement. Elle démontre toute son efficacité. Et quand elle n’est pas là, elle nous manque tous terriblement. » Valérie Faucheux.
Face à la panne de la b, Valérie Faucheux met en avant les solutions (la reconfiguration du réseau bus). «Cela ne correspond pas aux besoins de l’entièreté des habitants. Mais nous n’avons pas d’armée de conductrices et de conducteurs, et encore moins de bus. On va faire avec les moyens du bord tout en sachant qu’ils ne sont pas à la hauteur de ce que pouvait faire le métro. On en convient, mais c’est ainsi. Il faut tenir jusqu’au 18 décembre (date de reprise annoncée). » En attendant, Valérie Faucheux demande aux habitants de la ville de la solidarité. « Je vois trop souvent devant un établissement scolaire un collégien, prendre le bus juste pour faire une ou deux stations. A quatorze ou quinze ans, on peut éviter de surcharger le bus, faire quelques minutes de marche à pied et réserver les transports à ceux qui ne peuvent pas faire autrement. En région parisienne, lorsqu’il y a les grèves, lorsqu’il y a des incidents majeurs, chacun trouve des solutions. Les Rennais et les Rennaises peuvent faire différemment. »
Face aux réactions de l’opposition, Nathalie Appéré s’est sentie obligée de prendre la parole. « Je veux vous dire à quel point nous avons une connaissance aiguë des désagréments. La situation est très difficile. Les usagers subissent des tensions, du stress, des difficultés, de même que les agents de nos transports publics. C’est un contexte qui est critique. Chacun en a parfaitement conscience. »
Moyen du bord contre vraie volonté !
« La priorité, c’est de réparer la panne au plus vite », a ajouté la maire de Rennes. « Pour l’instant, nous sommes sur la date du 18 décembre. Il faudra du temps (sans compter les périodes nécessaires d’essais pour la sécurité des personnes). Ces temps sont incompressibles et sont effectivement très difficiles, très pénalisants pour tout le monde. Mais je veux répéter notre confiance et notre gratitude envers les techniciens, les ingénieurs, les chauffeurs. Ils sont hyper mobilisés actuellement pour que nous puissions retrouver la pleine jouissance de notre métro dont chacun reconnaît désormais qu’il est un succès majeur. Je redis aux Rennais et aux Métropolitains que nous sommes à leurs côtés pour faire en sorte que les choses reviennent le plus vite possible à ce qui est dorénavant la normale de nos transports publics. »
Infos + : « les abonnés n’ont pas trouvé ce mois-ci l’offre qu’ils étaient en droit d’attendre. Il nous faut pouvoir travailler à cette indemnisation. » Nathalie Appéré.