Les riverains du parc des Gayeulles sont en colère. « Nous ne pouvons plus nous y promener », indique l’un d’eux avec son chien. « Là où les migrants campent, c’est no man’s land. Des détritus s’amoncellent partout dans les allées et les prairies ». Loin des regards, depuis juin 2023, plus de 100 individus vivent aujourd’hui sous les tentes dans cet espace de verdure. Elles survivent dans des conditions insalubres et précaires. Devant cette situation dramatique, de nombreuses associations (Utopia 56, l’interorganisation des personnes exilées) ont tiré la sonnette d’alarme depuis quelques semaines. « L’accès aux points d’eau est éloigné et toutes les familles n’ont pas encore de bidon pour limiter les aller-retour », expliquait Utopia 56, récemment sur sa page Facebook.
134 personnes ont été recensées au mois d’août 2023 et 20 d’entre elles ont d’ores et déjà été relogées.
Par un recours devant le tribunal administratif, la mairie de Rennes voulait mettre l’état devant ses responsabilités. Elle a demandé le 6 septembre dernier de quitter aux occupants les lieux avec leurs effets et véhicules. À l’appui de sa requête, elle a fait valoir un risque grave pour la salubrité publique et la santé des personnes présentes sur le site. « Les points d’hygiène sont très insuffisants au regard du nombre d’occupants. Les sanitaires sont excessivement sales ou hors d’usage et une seule douche collective existe dans les vestiaires du stade de rugby », confie l’avocat de la municipalité, maître Santos Pires.
« Des produits inflammables sont stockés sauvagement, au sein de cet espace boisé », ajoute le défenseur. « Les prises électriques des douches ont été retirées et les fils laissés apparents, au contact direct de l’humidité ambiante des douches. Différents équipements de cuisine installés sous des barnums sont vétustes et non sécurisés, en dépit des consignes délivrées par les membres de l’association UTOPIA 56. Certains occupants cuisinent au gaz à l’intérieur même de leurs tentes. Des coins barbecue ont été improvisés et des départs de feu ont été relevés sur les deux campements. »
Le juge des référés a fait droit à l’exigence de la ville. Il enjoint à toutes les personnes de quitter les lieux, avec leurs effets personnels et véhicules, avant le vendredi 15 septembre 2023, à midi. À défaut, la commune de Rennes pourra, passé ce délai, y faire procéder d’office, au besoin avec le concours de la force publique, la préfecture. « La demande d’expulsion ne se heurte à aucune contestation sérieuse », conviennent les magistrats. « Elle présente un caractère d’urgence et d’utilité au regard des conditions de vie des migrants. (…) Les occupants des tentes installées au sein du parc des Gayeulles ainsi que, désormais, des vestiaires du stade de rugby ne justifient d’aucun titre les habilitant à occuper ces terrains et locaux », ajoutent les juges. Il y a quatre jours, place Saint Germain puis devant la préfecture, environ 200 personnes avaient pris la parole pour dénoncer la situation des exilés.
Infos + : La préfecture qui se serait engagée à trouver des solutions d’hébergement peut dorénavant procéder à l’expulsion dans le cas où les exilés ne partiraient pas de leur plein gré.