Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, a pris une tournure particulièrement poignante cette année, à Rennes, sur le Mail François Mitterrand. Parmi les nombreuses voix qui se sont élevées pour défendre les femmes à travers le monde, l’une d’elles résonnait avec une intensité douloureuse. Elle était celle de l’enseignante et membre de Force ouvrière, Justine Marti, en faveur de sa collègue Cécile Kohler, emprisonnée en Iran depuis mai 2022.
« Cécile, c’est une militante, une battante, une féministe. Elle est engagée dans tout ce qui touche à la justice sociale, à la condition humaine », confie Justine Marti. « Il y a trois ans, le 8 mars, elle était avec nous, ici, à Rennes, pour défendre les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap). C’était sa dernière manifestation avant qu’elle ne parte en Iran avec son compagnon Jacques. Aujourd’hui, elle est enfermée à Evin, dans la section 209, le pire qui soit. Elle a même été plusieurs mois à l’isolement », raconte Justine Marti, la voix serrée.
Une détention inhumaine
Le couple, arrêté alors qu’il était en voyage, est accusé d’espionnage par les autorités iraniennes. Face à cette accusation, leurs proches et le gouvernement français dénoncent un emprisonnement arbitraire. « Nous avons dessiné au sol la surface de sa cellule », explique Justine Marti. « Elle est enfermée dans 8 mètres carrés, avec deux autres codétenus qui changent régulièrement pour éviter qu’elle ne crée du lien avec eux. La lumière est allumée en permanence, jour et nuit. Elle n’a le droit qu’à deux sorties de 20 minutes par semaine. Et encore, quand on dit sortie, c’est une cour bétonnée, sans ciel visible. »
Justine Martii s’arrête un instant de parler, puis reprend, la colère mêlée d’impuissance. « Nous savons qu’elle prend des cachets pour dormir, pour manger… Elle est en dépression. Cécile, c’est une femme forte. On l’a toujours connue combattante. Mais là, elle n’en peut plus. » Pour la première fois, Cécile Kohler a laissé transparaître son épuisement dans un message transmis à sa famille. « Jusqu’à présent, j’ai été forte, j’ai fait en sorte de vous protéger en vous disant que je tenais le coup. Mais là, je n’ai plus l’énergie », leur a-t-elle confié.
Pour Justine Marti et les autres membres du comité de soutien, ces quelques mots ont été un électrochoc. « Cécile ne se plaint jamais. Elle se bat. Alors quand on entend ça… ça nous bouleverse. On a peur pour Jacques aussi, qui est âgé de 71 ans. » Malgré les démarches officielles, aucune avancée concrète n’a été obtenue. Le 17 janvier, Emmanuel Macron a reçu les familles des trois Français détenus en Iran — Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau. « Mais aucune perspective de libération ne semble se dessiner. L’Iran bloque tout. On est dans une situation absurde, cruelle. Il n’y a pas de procès équitable, pas d’avocat indépendant. C’est de la prise d’otage d’État, ni plus ni moins », s’indigne Justine Marti.
À Paris, le Quai d’Orsay a convoqué l’ambassadeur iranien. Le ministère a exigé la libération immédiate des détenus. « Mais ça ne suffit pas. Il faut plus de pression, plus de mobilisation. On ne peut pas laisser faire cela », martèle Justine. Face à l’inaction, les proches de Cécile ont décidé de mener eux-mêmes le combat. À Rennes, ils ont lancé une pétition, disponible en ligne, mais aussi en version papier. Parallèlement, une campagne de soutien a été organisée. « En janvier, on a envoyé 750 lettres à la prison d’Evin. En février, nous avons recommencé pour marquer les 1000 jours de détention de Cécile. Même si nous avons qu’il ya peu de chances qu’elle les reçoive, on espère qu’au moins une d’entre elles lui parviendra. Tant qu’on parle d’elle, tant qu’on se bat pour elle, elle existe aux yeux du monde. » Pour soutenir Cécile Kohler et les autres Français séquestrés en Iran, il est possible de signer la pétition sur le site Liberté pour Cécile, de participer aux campagnes de lettres et de relayer son histoire. « Chaque geste compte. »