Au cours de la nuit du 4 au 5 février 1994, il y a 25 ans, le Parlement de Bretagne était la proie des flammes. Vingt-cinq ans après, les vieux Rennais se souviennent encore émus de ce tragique évènement. Ils livrent quelques témoignages tout aussi poignants les uns que les autres. Récit.
« Lors de l’incendie, l’émotion était très forte », explique la photographe-journaliste, Jessica Laurent Grégoire. « Un lourd silence pesait. On aurait dit que quelqu’un était mort… » Sortant du bar l’Aventure, vers trois heures du matin, Jean, étudiant à l’époque, est surpris cette nuit-là par une lueur orange enveloppant la ville. « On y voyait comme en plein jour », se souvient-il. « Mais en m’approchant du Parlement, j’ai été surpris par la chaleur qui se dégageait. » Arrivant rue de Toulouse, Jean est vite bloqué par la foule. « C’était dingue », se remémore-t-il. « Il était impossible de passer pour voir ce qui se passait. » Décidant de redescendre vers la place de la Mairie, il rejoint le bas de la place du Parlement. « A mon arrivée, j’ai vu un ange fondre sous les flammes. J’étais comme sidéré ! Tout autour de moi, c’était la même émotion. Personne ne parlait. »
Comme Jean, de nombreux Rennais ont été les témoins dans la nuit de l’incendie du Parlement. « Je suis resté longtemps devant le bâtiment en feu », confie Laurent. Lui aussi a vu les anges du toit disparaître dans les flammes. « En qualité de Rennais, j’étais dévasté. » Tout aussi ému est Hubert. « Je logeais dans un appartement des Horizons. En revenant d’une soirée, je suis resté longtemps figé sur mon balcon à regarder cet incendie. » En revanche, certains Rennais n’ont pas tout de suite mesuré le drame. « Il y avait un certain Jérôme et un de ses amis », se souvient Jean-Philippe. « Ils s’étaient amusés avec un copain à sortir leur briquet comme à un concert. Ils avaient failli se faire lyncher… »
Le lendemain matin, l’émotion était toujours palpable. « De chez nous, nous avions une vue sur le parlement et nous avons réalisé…qu’il brûlait encore , alors que nous étions persuadés le soir précédent que l’incendie serait facilement éteint », explique Jean-Louis. « Nous sommes allés le soir en famille place du Parlement. Il y avait partout des morceaux de papier brûlé et une masse silencieuse de spectateurs atterrés. J’ai reconnu un de mes anciens professeurs d’anglais de collège qui pleurait. Je n’ai pas eu l’énergie pour aller le voir. C’était un spectacle pénible pour des Rennais de vieille souche. »
Il y a 25 ans, dans la nuit du 4 ou 5 février 1994, #Rennes et la Bretagne connaissaient une immense émotion avec l'incendie de son Parlement. Aujourd'hui plus qu'un bâtiment de justice, il reste l'un des plus importants symboles de notre passé commun https://t.co/UWzS2l6dbL
— Stuart Lesvier (@LesvierStuart) February 4, 2019
L’histoire de Maïda : Le 4/02/1994, Sarajevo était encore assiégée par les forces serbes de Bosnie-Herzégovine. Maïda réussit à quitter cette ville yougoslave enclavée par un tunnel qui avait été érigé pour les forces bosniaques et quelques privilégiés. Elle était attendue à l’école des Beaux-Arts de Rennes par Jacques Sauvageot. Venant d’un pays où la guerre faisait rage, quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu’elle débarqua en fin d’après-midi à la gare de Rennes, de voir des combats de rue très violents place de la gare ! « Mais ce n’est pas possible, dans quel pays je suis tombée », s’était-elle exclamée !
Le témoignage de Benoît de Belloir. Je déjeunais en bas de la place des lices et de là-bas on voyait les fusées de détresse voler autour de la silhouette du parlement. J’ai pensé que ça pouvait être dangereux. Le soir, j’étais allé aussi au restaurant, du cêté de Betton, et on a raccompagné en voiture le frère de ma copine, il habitait place du Parlement. On l’a laissé au carrefour de la rue des fossés et de la rue Hoche. il y avait de la brume ce soir-là. Il est sorti de la voiture et en se retournant pour nous saluer il a fait un geste en direction de son nez, comme pour dire qu’il y avait une forte odeur. Nous sommes rentrés et en arrivant à l’appartement 10 mn plus tard, il nous appelle pour nous dire que le parlement était en feu. Ce qu’on avait pris pour de la brume était en fait la fumée du feu qui couvait depuis plusieures heures. Et la forte odeur qui planait dans le quartier avait la même origine… »