Rennes infos autrement fut le premier média à évoquer ce projet de grande mosquée, près du parc des Gayeulles, rue du Pâtis-Tatelin. Depuis, le sujet revient régulièrement à la une de l’actualité. En début de semaine, le représentant du collectif Halte au bétonnage du parc des Gayeulles s’est exprimé devant les élus dans une brève allocution, tout en nuances et en intelligence, lors d’un conseil municipal. « Nous ne comprenons pas pourquoi aucune information ne nous a été communiquée sur cet ouvrage de 3000 mètres carrés avec probablement un parking de 9000 m2.»
Soutenus par des milliers de gens (à en croire leur pétition), les riverains s’émeuvent de cette situation. « Où est la concertation promise aux Rennais ? », s’interroge le porte-parole. « Que devient la charte de Construction dont le premier pointest d’informer les voisins ? Nous avons appris l’existence de ce projet par la presse le 15 juin 2023, alors qu’un protocole d’accord entre la ville et l’association Espoir Amal avait été signé le 10 mars 2022. »
Malgré une réunion le 18 juillet dernier avec l’adjoint au maire de l’urbanisme, Marc Hervé, rien n’a depuis bougé. « Cette rencontre s’est soldée par une impasse. La commune souhaite absolument implanter un édifice religieux dans le nord-est de Rennes. » Devant cette insistance de la municipalité, les riverains ne comprennent pas cette implantation loin du métro, dans le poumon vert de Rennes et sans dialogue. « L’artificialisation des sols est pourtant un enjeu majeur du moment, une actualité brûlante dont la ville semble vouloir s’emparer en affichant un objectif fraîcheur. Mais sur cette affaire-là, la collectivité se fourvoie dans un projet extrêmement éloigné de sa philosophie. De nombreuses alternatives existent cependant. Des bâtiments désaffectés pourraient accueillir ce lieu de culte. Saint-Brieuc vient d’ailleurs montrer l’exemple. »
Aujourd’hui, le collectif Halte au bétonnage du parc des Gayeulles, ainsi que l’association La nature en ville, demandent aux élus de mettre ce projet à l’ordre du jour du prochain conseil municipal. « Ce serait une manière sérieuse, approfondie et responsable d’aborder ce dossier avec la dimension écologique qui s’impose. La raison l’emportera, nous l’espérons. Il faut cesser de creuser la tombe du vivant. Lors de notre rendez-vous du 2 octobre avec la municipalité, nous escomptons obtenir une avancée significative et une compréhension du problème. »
En réponse, l’adjoint au maire, Marc Hervé, est revenu sur le « cheminement » de ce dossier. « En 2017, Espoir Amal est venue nous présenter un projet de construction sur ses fonds propres. Nous avons donné un accord de principe. En contrepartie, nous souhaitons le respect de la transparence des financements, l’ouverture du centre sur la vie de la cité et le fonctionnement démocratique de leur association. Cette implantation permettait un équilibre dans le maillage des édifices cultuels, avec notamment celui du Blosne et celui d’Avicenne à Villjean. »
En 2019, Espoir Amal indiquait se positionner sur un terrain situé rue du Patis-Tatelin. « Mais à ce stade, aucun détail n’a été signé puisqu’aucun programme précis n’est d’actualité. Cela donnera lieu plus tard à un débat dans nos instances. Pour le moment, l’opération ne semble pas suffisamment avancée pour envisager à court terme un dépôt de permis de construire, dans la mesure où l’association recherche encore une partie des financements. Quand le projet sera achevé, la ville demandera aux porteurs du projet d’organiser la consultation des riverains, des usagers afin que l’équipement soit explicité, voire ajusté. Les remarques des voisins devront être intégrées autant que possible à l’esquisse définitive. » D’après Marc Hervé, le site est proche de la zone tertiaire dite de Saint-Sulpice, à un km de la station de métro et à 300 mètres du terminus des actuelles lignes 34 et C4. Pour aller plus loin sur le projet.
