Le sport n’est pas le premier budget de la ville de Rennes. Loin derrière la vie citoyenne et la culture (voir le site), il n’est pas la première occupation des élus rennais de la majorité. Mais cette fois-ci, il fait la une de l’actualité nationale, voire internationale. Car la ville veut donner plus de subventions aux clubs qui feront la part belle aux femmes et aux personnes non binaires (ni homme ni femme).
Sélène Tonon, chargée des Musées et première conseillère municipale transgenre à Rennes, a salué cette proposition. « C’est un exemple de notre intelligence collective et de la direction de notre politique publique. Nos précédents choix favorisaient, de façon involontaire sans doute, un certain nombre de critères qui sont aujourd’hui, bien malheureusement encore le reflet de pratiques masculines du sport. (…) Les clubs étaient obligés de courir vers la médaille et de valoriser à tout prix une forme d’élitisme de la performance. Et nous savons (tous les travaux de sociologie le prouvent) à quel point le contexte compétitif est en France, contraire à la mixité et donc à la pratique féminine du sport. Désormais, nous nous donnons les moyens de l’ambition de proposer véritable budget égalitaire débarrassé des stéréotypes de genre. »
Élue de l’opposition (Révéler Rennes), Sandrine Caroff-Urfer s’est interrogée longuement sur l’introduction de cette catégorie « non binaire ». « Concrètement, il s’agirait donc de demander aux enfants de 6 ans, 8 ans, 11 ans, de définir leur propre genre. Notre conviction est qu’avant la puberté, il ne paraît pas judicieux de les confronter à des questionnements identitaires qui sont trop lourds à porter pour eux. Ce critère les enfermerait dans une identité contrainte, dans une case qui les surdétermine et enraye leur liberté à se construire dans le temps long. »
Ces critères proposés pour les subventions aux associations permettront de « prioriser » l’égalité femmes hommes, la mixité sociale ou l’accès au sport, en dépit de son âge, sa culture, ses ressources ou son handicap. » Laurent Hamon.
Leader de l’opposition de centre-droit, Charles Compagnon n’a pas manqué de réagir. Il salue la volonté de « féminiser la pratique sportive. » Mais il s’est interrogé lui aussi sur la nouvelle catégorie « non binaire ». « Dans quelle équipe de foot U11 ira jouer le petit Théo 10 ans de sexe masculin, que ses parents auront inscrits en non-binaire ? », a-t-il demandé. « Au lieu d’inclure, la ville établit un étiquetage fort regrettable qui risque d’ailleurs de produire des effets contre-productifs En effaçant les catégories « femme/homme » et accordant plus de points aux non binaires, vous invisibilisez les femmes que les dispositifs de lutte contre les discriminations cherchent pourtant à rendre visibles. Si la municipalité avait voulu une vraie politique du sport social et inclusif, elle aurait ajouté des classes « handicapés» et « super sénior ». Au lieu de faire vivre l’égalité entre tous, elle préfère envoyer des signes à une petite minorité d’activistes qui servent d’abord leur agenda politique plutôt que les intérêts des Rennais. »
Comment expliquer à un garçon, qu’il vaut moins qu’un autre jeune garçon déclaré non binaire ? L’idéologie conduit à formuler des propositions qui paraissent totalement déconnectées du réel. » Charles Compagnon.
En réponse, Frédéric Bourcier, adjoint au maire, agite les bons sentiments. « Si on veut le sport pour tous, l’inclusion, la transidentité et la non-binarité, nous devons l’accompagner, » confie-t-il. « Ce qui prime, c’est l’intérêt de la personne et leur bien-être. L’exercice physique a été toujours l’endroit où chacun et chacune peut se retrouver, en dépit de sa classe sociale ou sa catégorie d’âge et j’en passe. Il y aurait eu une espèce de contre sens si nous n’avions pas accédé au respect de la non-binarité. Je vous propose d’assumer dans ldans la sérénité, cette discrimination positive. Nous ne faisons pas ce choix par idéologie. »
Infos + : « Nous comptons sur vous pour garder le cap et ne pas céder aux sirènes des podiums et des médailles que les clubs ne manqueront pas de venir vous susurrer à l’oreille. Rappelons ici que le modèle économique du sport professionnel ne repose pas majoritairement sur l’argent public. Leurs principaux financements proviennent d’autres sources, dont le sponsoring, la billetterie », explique Laurent Hamon. Lequel veut aller plus loin des critères environnementaux. D’après nos infos, la ville travaille actuellement sur des festivals décroissants. Rennes serait-elle à la pointe du progrès ?